Moët Hennessy arrêtera fin 2020 l’utilisation des herbicides dans tous ses vignobles de Champagne, et en 2021 dans ceux de la région de Cognac, a annoncé son PDG Philippe Schaus lors du salon Wine Paris-Vinexpo.
Des tracteurs électriques et des robots pour une production éco-responsable
« Fin 2020 en Champagne, nous allons complètement arrêter les herbicides, et nous allons construire un nouveau centre de recherche et développement en Champagne d’une valeur de 20 millions d’euros », a déclaré M. Schaus lors d’un entretien avec l’AFP. « Pour le cognac, nous arrêterons un an plus tard », a précisé le dirigeant, qui a succédé en 2017 à Christophe Navarre à la tête de la filiale vins et spiritueux du groupe de luxe LVMH.
« Nous remplaçons les herbicides par le désherbage mécanique grâce notamment à des tracteurs électriques et des robots », a ajouté M. Schaus.
Le groupe a investi dans une douzaine de tracteurs enjambeurs électriques élaborés par le constructeur champenois Kremer, d’un coût de 200.000 euros l’unité.
D’octobre à mars, pour ne pas tasser les sols détrempés, l’entreprise a décidé de faire désherber en écopâturage, par des moutons, une partie des vignobles, a précisé Stanislas Milcent, directeur de la recherche et développement dans le secteur environnement. « C’est une étape, pour la vingtaine de maisons du groupe, pour la plupart nées aux 18e et 19e siècles, et qui portent le développement durable dans leurs gènes », a souligné le PDG. Parmi ces maisons figurent en Champagne les marques Dom Perignon, Moët et Chandon, Mercier, Ruinart, Veuve Cliquot et Krug.
« Nous n’allons pas chercher les labels, nous cherchons à protéger les sols »
Outre en Champagne (nord-est de la France) et dans la région de Cognac (sud-ouest), Moet Hennessy exploite des vignes en Provence (sud-est), en Espagne, en Argentine, dans la Napa Valley aux États-Unis, en Chine, en Inde, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Contrairement à son concurrent Roederer dont une bonne partie des vignobles champenois sont menés en bio, Moët Hennessy ne se convertit par pour autant au bio. Car cela impliquerait qu’il n’ait plus recours aux produits phytosanitaires de synthèse, herbicides, mais aussi aux insecticides et fongicides.
« Nous n’allons pas chercher les labels, nous cherchons à protéger les sols, a dit M. Schaus. Notre objectif est de faire en sorte que dans 150 ans on fasse encore les meilleurs vins en France ». Cependant, le château du Galoupet à La Londe-les-Maures entre Hyères et Bormes-les-Mimosas, l’un des 18 crus classés de Provence, racheté en 2019 par LVMH, va « devenir bio ». Le PDG estime que « Le terroir le permet de manière pérenne ».
Interrogé sur l’utilisation des pesticides, M. Schaus a répondu que l’objectif du groupe était d’en mettre « le moins possible » et de « limiter le plus possible » l’utilisation du cuivre.
Seulement 2% des viticulteurs champenois en bio
Selon la latitude, le climat, « les solutions ne sont pas les mêmes », et « personne n’a encore trouvé la solution parfaite » permettant de se passer complètement d’intrants chimiques, fait remarquer M. Schaus.
Le groupe espère que son annonce va faire évoluer l’ensemble de la Champagne et propose d’accompagner les viticulteurs qui s’engagent dans des démarches similaires. Pour l’instant, à peine plus de 2% des viticulteurs champenois sont en bio.