Les écologistes dénoncent l’imposture de la France sur les aires marines protégées

Ecologie Une

L’annonce du président français de limiter le chalutage de fond dans certaines zones maritimes a été accueillie avec circonspection par les associations écologistes.

En annonçant samedi 8 juin l’établissement de zones restrictives en mer pour les chaluts de fond, Emmanuel Macron s’attendait sans doute à marquer les esprits. Cette mesure étant réclamée depuis longtemps par les défenseurs de la nature, notamment pour les aires marines protégées (AMP).

Le président français a bien retenu l’attention, mais pas dans le sens espéré, à la veille du sommet de Nice sur les océans (9 au 13 juin). On assiste en effet à une levée de boucliers parmi les organisations environnementales.

Loin de saluer une avancée historique, ces dernières dénoncent ce qu’elles perçoivent comme une énième manipulation politique qui masque l’inaction gouvernementale derrière un rideau de fumée communicationnel. « Le président a mis en scène l’annonce du statu quo !« , a ainsi cinglé l’association Bloom dans un communiqué cité par Le Monde, ce dimanche 8 juin.

Pour cette organisation, le chef de l’État a « confirmé que l’imposture de la politique de protection maritime de la France se poursuivrait, à savoir qu’il n’existerait jamais de cadre contraignant pour protéger véritablement ces zones marines ».

Un renforcement de façade ?

« Il y a des endroits où il faut limiter leur activité, qui, en raclant le fond, vient perturber la biodiversité et des écosystèmes qu’il faut apprendre à protéger », avait déclaré Emmanuel Macron la veille, dans une interview à la presse régionale, dont Ouest-France, en référence au chalutage de fond.

Représentant le tiers de la production halieutique de l’Union européenne selon Le Monde, cette technique de pêche est très appréciée des industriels pour son potentiel en termes de captures. Mais les écologistes l’assimilent à une pêche sauvage, comparable à un bulldozer qui raclerait les fonds marins, les abîmant complètement.

Reste que la « protection renforcée » évoquée par l’Élysée ne mentionne ni modalités de mise en pratique ni calendrier. Pire, cela s’apparente parfois à de la tromperie, comme pour Port-Cros où le chalutage de fond n’est déjà pas pratiqué, ainsi que le relève Nicolas Fournier de l’ONG Oceana.

L’urgence d’une protection réelle

« Interdire le chalutage de fond dans une aire marine protégée ne la rend pas en “protection stricte”, car il faudrait pour cela y interdire toutes les activités extractives, y compris la pêche », recommande ce dernier dans les colonnes du Monde.

Au-delà des polémiques, c’est bien l’avenir des océans qui se joue. Les zones sous protection haute ou intégrale ne représentent actuellement que 2,6% du domaine maritime français, un pourcentage dérisoire face à l’ampleur des enjeux environnementaux.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que ces zones sont quasi exclusivement situées outre-mer, laissant les eaux métropolitaines dans un état de protection précaire.


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