La Cour d’appel fédérale de Manhattan a invalidé le système d’arbitrage de la NFL qui permettait à la ligue de juger elle-même les accusations de discrimination raciale portées contre elle.
Un procès dans l’affaire opposant la National Football League (NFL) à Brian Flores, ancien entraîneur-chef des Miami Dolphins, devient quasiment inévitable après la décision rendue jeudi 14 août par une cour d’appel fédérale de Manhattan.
Pour comprendre ce développement, il faut remonter à 2022. Flores, alors âgé de 44 ans, intente une action collective contre la NFL après avoir été licencié de son poste d’entraîneur principal des Miami Dolphins.
Ce dernier, rejoint plus tard par Steve Wilks et Ray Horton dans sa démarche, affirme dans sa plainte avoir été soumis à des entretiens d’embauche « bidons » pour des postes d’entraîneur principal, des mascarades destinées uniquement à permettre aux équipes de respecter formellement la Rooney Rule.
Instaurée en 2003, cette règle oblige chaque équipe de la NFL à interviewer au moins deux candidats issus de minorités ethniques ou femmes pour les postes d’entraîneur-chef, directeur général ou coordonnateur.
Un système d’arbitrage qualifié de « simulacre »
Les plaignants dénoncent également la discrimination systémique dans l’embauche, la rétention et la promotion des entraîneurs et dirigeants noirs, ainsi que des représailles après avoir porté plainte. Autant de motifs de litige que la NFL souhaitait régler en interne.
C’était sans compter sur le juge fédéral Valerie Caproni qui a autorisé, dans une première décision judiciaire de 2023, qu’une partie de l’affaire relève de la justice civile. Cette décision vient d’être confirmée par la Cour d’appel du deuxième circuit américain de Manhattan.
Selon le juge Jose A. Cabranes, le processus d’arbitrage de la ligue « n’offre l’arbitrage que de nom », ce qui aurait forcé Brian Flores à plaider sa cause de discrimination directement devant le commissaire Roger Goodell. Cela revient essentiellement à obliger un employé à argumenter contre son employeur devant le patron de cet employeur.
Le tribunal est allé encore plus loin en déclarant que le système d’arbitrage de la NFL « ne fournit contractuellement aucun forum arbitral indépendant, aucune résolution bilatérale des conflits, et aucune procédure ».
Le débat de la méritocratie versus la discrimination
Cette critique juridique cinglante pourrait avoir des répercussions considérables non seulement pour la NFL, mais pour l’ensemble des sports professionnels, ouvrant potentiellement les vannes à des cas similaires dans d’autres ligues.
« Nous ne sommes pas d’accord avec la décision du panel et nous chercherons un examen supplémentaire« , a réagi le porte-parole de la ligue, Brian McCarthy, dans un communiqué cité par Reuters.
L’affaire soulève une controverse fondamentale au sein des observateurs de l’industrie. Certains soutiennent que les pratiques d’embauche de la NFL reflètent simplement des décisions basées sur le mérite, tandis que d’autres affirment que les préjugés inconscients et les réseaux de « vieux copains » perpétuent l’inégalité.