La direction de l’hebdomadaire de droite défend un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Au grand dam des salariés qui craignent une mise à mort de ce titre emblématique de la presse française.
Etienne Gernelle, le directeur du Point, a annoncé mercredi 23 avril à la rédaction la disparition prochaine de 58 postes, dont 32 titulaires (CDI) et 26 pigistes réguliers, au sein du magazine hebdomadaire.
L’initiative, baptisée plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) par la direction, vise selon cette dernière à « investir d’abord sur l’enquête et le reportage ». Le responsable prend à cet effet le magazine américain The Atlantic comme exemple, selon Le Monde.
« C’est un projet de réorganisation qui s’inscrit dans une stratégie de montée en gamme, de singularisation et, dans une certaine mesure, de prise de distance par rapport à la course à l’actualité », explique M. Gernelle, cité par l’AFP.
Cela devrait passer par de larges coupes dans le service correction et révision, lequel subit le choc le plus violent, à en croire Le Monde. De 18 personnes actuellement, ce département essentiel à la qualité du journal sera ainsi réduit à seulement trois employés au terme de ce PSE.
L’IA pour remplacer les correcteurs
Pour justifier cette coupe drastique, la direction invoque le recours à l’intelligence artificielle (IA). « Cela ne sera pas pour écrire des articles, mais pour les corriger. Il y aura un usage encadré de l’IA avec des réviseurs-correcteurs qui la superviseront« , assure Etienne Gernelle auprès du quotidien du soir.
Une telle restructuration interroge sur la capacité du magazine à maintenir son niveau d’exigence éditoriale. « Ce plan social va abîmer la rédaction et ne lui permettra pas de faire un meilleur journalisme », s’inquiète d’ailleurs un salarié auprès du Monde.
Il relève que « 52 des 58 postes supprimés visent des cartes de presse, contre six qui concernent des fonctions support. « C’est un choc et cela crée une perplexité incroyable : comment monter en gamme quand on supprime les réviseurs ? », s’interroge un autre.
Un titre en quête d’équilibre
Pour compenser les pertes, 18 postes seront créés, incluant des transformations de postes existants. La direction souhaite également faire progresser le nombre d’abonnements numériques, actuellement autour de 30 000, et réfléchit à la création d’un trimestriel.
Une façon de répondre au propriétaire du magazine, le milliardaire François Pinault, qui avait formulé à l’occasion du Nouvel An, le vœu d’une réinvention du modèle économique du journal pour attirer de nouveaux lecteurs.
Avec 286 000 exemplaires écoulés chaque semaine (versions papier et numérique confondues) l’année dernière, Le Point n’accuse qu’un recul de 1,93% par rapport à 2023 selon les chiffres de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias.