Plantes medicinales

Martinique : la médecine traditionnelle sur la voie d’un développement économique encadré

Santé Une

 

En Martinique, comme aux Antilles en général, la médecine traditionnelle occupe une place prépondérante. Rares sont les habitants qui n’ont jamais pris un bain ou une infusion à base de plantes contre la toux ou le rhume. Aujourd’hui, cette médecine ancestrale essaie de se moderniser pour exister économiquement.

Aux Antilles, les plantes médicinales sont encore largement utilisées par la population, surtout celle d’origine africaine. Elle se soigne avec des plantes locales comme le bois carré, le balai doux ou les feuilles de corossol, sous forme d’infusion, de bain ou de tisanes. Certains guérisseurs essaient aujourd’hui de moderniser leurs activités pour en tirer davantage de profits, au moment où de plus en plus de personnes s’intéressent aux médecines durables. C’est le cas de Rémi Asensio, qui tient une herboristerie au cœur de la campagne du Gros Morne, en Martinique. Chaque semaine, cet originaire du Sud-Ouest entretient sa quarantaine d’espèces végétales, dont les atoumaux avec leurs fleurs rose et blanches, les petites feuilles dentelées de la brisée et les bottes touffues de citronnelles.

« Les Martiniquais préfèrent. Ça leur rappelle leur grand-mère »

Cet agronome de formation et son épouse ingénieure chimiste martiniquaise transforment quotidiennement les plantes médicinales en tisanes, qu’ils vendent ensuite. Ils ont d’abord commencé par proposer des compléments alimentaires en gélules avant de se lancer dans les infusions vendues en pharmacies et épiceries fines. « Les Martiniquais préfèrent celà. Ça leur rappelle leur grand-mère », rappelle l’herboriste.

D’autres herboristes s’installent dans les marchés locaux pour vendre leurs plantes médicinales. Sur le marché de Fort-de-France, Géonie Tobinord tient un étal depuis 10 ans. « Les plantes qui marchent le mieux, c’est la menthe glaciale et le basilic. Les gens font du thé, des bains, des frictions, tout ce qu’ils veulent », explique-t-elle. Même si ses activités prospèrent, Géonie Tobinord est inquiète. Elle craint qu’un jour des professionnels s’emparent de son commerce et la mette à la rue.

Des efforts pour professionnaliser le secteur

Le Pôle Agroressources et de Recherche de Martinique (PARM) fait justement partie de ces acteurs qui veulent développer l’utilisation des plantes aromatiques et médicinales martiniquaises. Depuis 2012, cet institut veut faire « le lien entre une activité déclarée au niveau traditionnel et une activité prouvée de façon scientifique », indique Sandra Adenet, responsable du Pôle Recherche et Développement du PARM. C’est dans ce cadre que « le PARM a déposé un brevet sur l’activité anti-microbienne du Chardon Béni pour permettre à une entreprise locale de valoriser cette activité notamment sur le champ cosmétique » et de « développer des produits à base d’huile essentielle de cette plante ».

Les restaurants et les entreprises de cosmétiques très interessés

Parallèlement, le PARM met à disposition ses laboratoires dernier cri pour permettre aux entrepreneurs de travailler sur leurs produits. Ces dix années, les sociétés de cosmétiques se sont intéressées aux plantes locales de même que les restaurants qui veulent réintroduire les plantes aromatiques et médicinales dans leurs préparations.


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