Face au vieillissement accéléré de la population allemande, les pouvoirs publics multiplient les mesures d’atténuation. Une niche apparaît pourtant encore peu exploitée, selon les observateurs : la main-d’œuvre féminine.
Comment encourager le travail en Allemagne ? Question à plusieurs inconnus pour une économie en perte croissante de main d’œuvre. La situation tend même à devenir structurelle avec 700 000 emplois non pourvus durant le seul mois de juin.
Le tableau pourrait empirer dans les prochaines années avec le départ attendu à la retraite de la génération du baby-boom. La première économie européenne pourrait ainsi manquer jusqu’à 5 millions de personnes actives sur le marché du travail d’ici 2030.
À cela s’ajoute un autre défi pour l’Allemagne : le vieillissement démographique progressif depuis les années 1990 et désormais en pleine expansion. À preuve, 20,4% des Allemands avaient plus de 65 ans en 2011. Dans le même temps, seulement 13,5% de la population ont moins de 15 ans aujourd’hui.
Un potentiel sous-exploité
Face à cette situation préjudiciable pour l’économie, les gouvernants tentent de trouver des solutions. Cela inclut un certain nombre de mesures incitatives à l’endroit des étrangers, dont les migrants et les réfugiés notamment. Un effort reste pourtant à faire pour favoriser les femmes au travail.
Et pour cause, 47% de femmes travaillent à temps partiel, selon des données de l’Union européenne (UE). Soit bien au-delà de la moyenne communautaire estimée à 28%. « Nous exploitons moins notre potentiel de main-d’œuvre que la plupart des autres pays », abonde Holger Schaefer, économiste senior au sein du groupe de réflexion allemand IW, dans les colonnes de Reuters.
Pourtant, les femmes allemandes sont de plus en plus nombreuses à faire de longues études, et leur niveau de qualification atteint désormais celui des hommes. Mais concilier la vie professionnelle et celle familiale à travers un emploi à temps plein, reste un parcours du combattant pour les mères.
Un contexte peu favorable
Un congé parental jugé bien souvent trop court et des structures de garde insuffisantes (un déficit estimé à 400 000 places actuellement) au profit des enfants ne favorisent guère les femmes devenues mamans.
D’autres défis à la fois socioculturels et économiques entravent les femmes sur le marché du travail. Il s’agit du défaut d’incitation fiscale due à l’imposition des couples comme entité unique et les « mini-jobs » (emplois rémunérés moins de 538€ par mois) exemptés de déduction d’impôts.
Le gouvernement du chancelier Olaf Scholz doit trouver les voies et moyens de redynamiser cette main-d’œuvre féminine non moins essentielle à la productivité du pays.