Les employés restent globalement très peu enthousiastes quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle au travail, selon une récente étude menée aux États-Unis.
À l’heure où les discours fleurissent un peu partout à travers le monde à propos de la révolution de l’intelligence artificielle (IA) dans de nombreux secteurs d’activités, force est de constater que la mayonnaise a encore du mal à prendre chez les Américains.
Au pays de ChatGPT, de Claude ou encore de Gemini, nombreux sont ceux qui peinent à voir l’utilité de ces différents outils d’IA. C’est ce que révèle une étude récente du Pew Research Center à propos de l’état d’adoption de cette technologie au sein de la population active.
Autrement dit, les employés à plein temps et à temps partiel. Publiée le 25 février 2025, l’enquête menée en octobre 2024, l’enquête indique qu’environ 80% des Américains n’utilisent pas l’intelligence artificielle dans leur environnement professionnel. Et ceux qui y ont recours ne sont pas particulièrement convaincus de ses avantages.
Le sondage, mené auprès d’environ 5 300 Américains montre que seulement 16% des travailleurs utilisent l’IA, ne serait-ce qu’occasionnellement. Parmi ceux qui déclarent employer des chatbots d’IA générative, seule une minorité estime que ces technologies sont « très » ou « extrêmement » utiles pour travailler plus rapidement ou produire un travail de meilleure qualité.
Un pessimisme qui transcende les catégories démographiques
Les travailleurs de moins de 50 ans sont plus susceptibles d’utiliser des chatbots au moins quelques fois par mois au travail. De même, les jeunes travailleurs et ceux disposant de revenus plus élevés expriment davantage d’enthousiasme quant à l’IA en milieu professionnel.
Cependant, comme le souligne Luona Lin, chercheuse associée au Pew Research Center ayant travaillé sur cette analyse interrogée par le Washington Post, « le sentiment d’inquiétude tend à traverser tous les groupes démographiques ».
Ces données tendent à tempérer l’ardeur des acteurs de l’industrie de l’intelligence artificielle, qui ne ratent aucune occasion depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022 pour vanter les mérites de cette technologie dont le développement mobilise désormais l’ensemble de la Silicon Valley.
Une polarisation à venir des points de vue
Difficile de connaître les motivations précises des répondants dans cette étude étant donné que Pew Research n’a pas intégré cela dans ces recherches, mais Hatim Rahman, professeur associé à la Kellogg School of Management de l’Université Northwestern, propose deux explications à ce pessimisme apparent.
Il estime auprès du Post, que les dirigeants d’entreprise n’ont certainement pas su expliquer efficacement aux employés comment l’IA pourrait les aider. De nombreux travailleurs, faute d’une communication claire, se focalisent donc sur les prédictions alarmistes concernant le remplacement massif d’emplois par des logiciels.
Rahman pense par ailleurs que la combinaison des changements technologiques et du manque de confiance envers leurs supérieurs a pu rendre les travailleurs anxieux quant aux potentiels méfaits de l’IA dans leur emploi.
« Il y aura des personnes qui auront plus de pouvoir, et ce seront elles qui découvriront comment l’utiliser. Celles qui ont moins de pouvoir seront à la merci du marché », affirme-t-il cependant, prédisant un sujet polarisant à l’avenir, toujours dans les colonnes du Washington Post.