L’organisme américain de surveillance des produits alimentaires et des médicaments va prochainement retirer du marché, la phényléphrine, star des décongestionnants, épinglée pour inefficacité par voie orale.
Le phényléphrine vit sans doute ses derniers moments sur les rayons des pharmacies et autres étagères de produits médicamenteux aux États-Unis. Ce désobstruant nasal ultrapopulaire outre-Atlantique est appelé à disparaître du marché dans quelque temps, dépendamment du processus de son retrait.
C’est ainsi qu’en a décidé, le mois dernier, la Food and Drug Administration (FDA), l’administration américaine chargée de la surveillance des denrées alimentaires et des médicaments afin de s’assurer de leur conformité avec les normes sanitaires avant leur commercialisation.
En cause son manque d’efficacité, notamment lorsqu’il est administré par voie orale, c’est-à-dire sous forme de comprimé ou de sirop ; contrairement à sa déclinaison en spray nasal, conformément à l’avis du comité de la FDA. Celui-ci indique en effet que ce produit en vente libre sur le territoire américain n’aurait ainsi qu’un effet placebo.
Il s’agit d’une décision majeure concernant cette molécule présente dans des centaines de médicaments populaires comme le Sudafed PE ou encore le Dayquil. Une décision attendue de longue date par les chercheurs et autres spécialistes.
Une action quasi inexistante
Selon l’agence de presse américaine AP, les chercheurs de l’Université de Floride alertaient déjà la FDA en 2007, puis à nouveau en 2015, sur l’inefficacité de la phényléphrine prise oralement. En cause ? Sa difficulté à traverser la paroi intestinale pour rejoindre le sang une fois avalée.
Le cas échéant, il s’agit d’une quantité si faible de la molécule qu’elle se dissout totalement dans le foie. Au final, pratiquement aucune molécule active n’atteint les vaisseaux sanguins du nez, rendant le médicament complètement inefficace contre la congestion nasale.
« C’est un bon médicament, mais pas quand il est avalé« , abonde Leslie Hendeles, professeur émérite à la faculté de pharmacie de l’Université de Floride et auteure de plusieurs articles sur le produit, citée par AP.
De quoi s’interroger sur le mécanisme ayant abouti à l’autorisation de la molécule dans les années 60-70. « Des études aux nombreuses failles et des données contestables » à l’aune de leur analyse aujourd’hui, selon les experts mentionnés par AP.
Un changement majeur d’habitude de consommation
Pour les millions d’Américains habitués aux médicaments contenant la phényléphrine, c’est un changement majeur d’habitude de consommation qui se profile. Le Dr Brian Schroer de la Cleveland Clinic se veut rassurant pourtant rassurant.
« Actuellement, les consommateurs se trouvent confrontés à des milliers de médicaments en rayon, dont certains sont clairement inefficaces. Cette décision va simplifier leur choix et les orienter vers des solutions vraiment efficaces« , estime-t-il dans les colonnes d’AP.
Pour cause, des alternatives thérapeutiques existent déjà. Parmi elles, des solutions plus basiques, mais éprouvées comme l’hydratation, les sprays nasaux salins, ou encore la simple élévation de la tête pendant le sommeil.