La capitale congolaise soumet ses populations à des niveaux de pollution d’air anormalement élevés.
La pollution, un des plus grands tueurs de notre temps, se serait particulièrement enracinée en République démocratique du Congo (RDC), plus précisément à Kinshasa, la capitale. La ville, dans le top 4 des plus importantes d’Afrique en termes de nombre d’habitants, se caractérise par un air impropre à la respiration.
Parmi les polluants majeurs présents sur place, figurent les particules fines dites PM2.5 (particulate matter), c’est-à-dire dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres. Leur taux serait notamment dix fois supérieur au seuil de qualité de l’air recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), selon Radio France Internationale (RFI).
De quoi empoisonner l’air ambiant et ainsi exposer les Kinois (nom donné aux habitants de Kinshasa, à des risques sanitaires accrus de type respiratoire et cardiovasculaire. Cela va des infarctus, aux accidents vasculaires cérébraux ou encore l’hypertension artérielle.
Des causes multiformes
À l’origine de cette pollution atmosphérique de grande ampleur, figure à la fois les activités industrielles et d’origine humaine, comme en témoigne auprès de RFI, le climatologue Jean-Pierre Ndjibu.
« C’est la quantité des déchets qui fait que les avenues, les rivières et les rues deviennent des dépotoirs publics, c’est l’une des premières causes et c’est la plus importante« , affirme-t-il, mettant en avant la difficulté de collecter et de traiter correctement les déchets à cause de la promiscuité.
C’est d’autant plus vrai que Kinshasa dénombre plus de 17 millions d’âmes, à raison de 10 000 tonnes des déchets solides produits par jour, selon Laetitia Bena Kabamba, commissaire générale chargée de l’environnement et de l’aménagement de la capitale, citée par le journal Le Monde en janvier 2023.
Une « urgence mondiale »
L’autre cause concerne l’empreinte carbone des transports. Les véhicules, pour la plupart dépendant du carburant polluant, émettent d’énormes quantités de Co2 dans l’atmosphère. Le bois, très consommé localement ainsi que les industries sont également évoqués par Jean-Pierre Ndjibu.
Alors que le patron de l’ONU, António Guterres, appelle à une action concertée à travers des « actions judicieuses » afin de vaincre le phénomène, Lorenzo Labrador, responsable scientifique à l’Organisation météorologique mondiale, reste peu optimiste dans le cas de Kinshasa.
« Ces villes et ces pays doivent donc d’abord reconnaître qu’il existe un problème de qualité de l’air et qu’il y a suffisamment de données dans le monde pour reconnaître qu’il s’agit d’un problème mondial », déclare-t-il à RFI.