Des employés de bureau, travaillant sur un ordinateur, source de pollution numérique

Pollution numérique : un fléau largement sous-estimé au travail

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Aujourd’hui, réduire son empreinte écologique à la maison est devenu un impératif. Mais combien sont-ils ces personnes qui se soucient de la pollution numérique au bureau ? Peu de gens, selon une récente étude du club Green IT. Or l’empreinte environnementale du numérique mondial correspondrait globalement à un septième continent de la taille de deux à cinq fois la France.

Une pollution équivalente à 270 millions de tours du monde en voiture en matière de gaz à effet de serre

Ces dernières années, les citoyens de la Terre se mobilisent quotidiennement pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais les efforts se concentrent essentiellement sur l’empreinte écologique à la maison ou dans les espaces publics. Pourtant, une autre pollution, plus insidieuse et plus désastreuse, se déroule dans les bureaux. Il s’agit de la pollution numérique, c’est-à-dire celle générée par les appareils électroniques que nous utilisons au travail.

Selon une récente étude du club Green IT, la planète compte 34 milliards d’équipements technologiques pour 4,1 milliards de personnes les utilisant. La masse de ces appareils atteindrait 223 millions de tonnes, soit l’équivalent de 270 millions de tours du monde en voiture en matière de gaz à effet de serre, de 1,5 milliard de salarié·es français·es allant travailler pendant un an en matière de gaz à effet de serre, de 242 milliards de packs d’eau minérale en consommation d’eau et de 82 millions de radiateurs électriques de 1.000 watts allumés en permanence en électricité.

On pense que la pollution numérique ça ne nous concerne pas directement

Malgré ce chiffre alarmant, les travailleurs ne se rendent pas toujours compte des conséquences écologiques de leurs appareils. Ils se disent généralement : «Un ordinateur, ça ne fait pas une énorme fumée noire quand ça pollue. On ne peut pas palper les enjeux facilement, contrairement à une bagnole qui pue», fait remarquer Bela Loto Hiffler, coordinatrice et fondatrice de Point de M.I.R (Maison de l’informatique responsable), une association qui sensibilise particuliers et entreprises à la sobriété numérique.

Aussi, les employés de bureau ont généralement l’impression que la pollution numérique n’est pas directement liée à eux. «Tout ce qui nous embête est loin. Le data center est loin, les poubelles électroniques aussi, l’extraction de fabrication, qui est le processus qui pollue le plus, est suffisamment loin pour qu’on ne s’y intéresse pas non plus.», analyse Bela Loto Hiffler.

« Si on ne comprend pas comment est fait une machine, on ne peut pas prendre conscience de sa pollution »

Mais pourquoi cette sorte de distanciation entre le fonctionnement d’une machine et ses conséquences ? La réponse est étonnante. D’après Frédéric Bordage, créateur du club, expert indépendant en numérique responsable et auteur d’un livre consacré à la question, c’est tout simplement « Parce qu’on ne sait pas comment elle fonctionne réellement». On ignore tout, des composants même d’une machine. L’association Point de M.I.R a donc choisi de montrer concrètement ce qu’il y avait dans nos appareils, «car si on ne comprend pas comment est fait une machine, on ne peut pas prendre conscience de sa pollution», insiste Bela Loto Hiffler.

Mieux, la fondatrice de Point de M.I.R préconise de petites gestes qui peuvent faire de grandes différences. Par exemple éteindre son ordinateur, son box ou même le parc informatique de l’entreprise avant de partir du bureau. Elle conseille aussi de faire durer son ordinateur ou son smartphone le plus longtemps possible en le réparant ou en le recyclant. En outre, l’on devrait arrêter de courir tout le temps derrière les produits high tech neufs. «Il faut accepter de recevoir un écran qui a déjà servi pour diminuer son empreinte écologique», recommande Frédéric Bordage.

L’épuisement des ressources naturelles nous guette

La prise de conscience est d’autant nécessaire que nous avons pratiquement épuiser nos ressources naturelles servant à la fabrication d’outils numériques. « Bientôt, il n’y aura plus assez de minerais à un coût économique viable pour fabriquer des équipements. Et si c’est la fin du numérique, on ne pourra plus communiquer entre nous et ça déstabilisera toute l’organisation de notre société», avertit Frédéric Bordage.


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