Les sœurs siamoises, Bissie et Eyenga, ont quitté Lyon le mardi 21 janvier pour renter au Cameroun, leur pays d’origine. Arrivées au début du mois de novembre, les deux petites filles avaient été séparées au terme d’une intervention longue de cinq heures.
Elles repartent en excellente santé
Nées le 6 novembre 2018 à Ayos, une bourgade du centre du Cameroun, les fillettes étaient reliées par l’abdomen avec une partie du foie en commun. Leur séparation, intervenue le 13 novembre dernier, s’est effectuée à l’issue d’une opération délicate et très technique menée durant cinq heures par les experts du service de chirurgie pédiatrique de l’hôpital Femme-Mère-Enfant des Hospices Civils de Lyon (HCL), sous la supervision du Pr Pierre-Yves Mure. Bissie, qui souffrait d’une cardiopathie, a dû subir une nouvelle opération le 6 décembre, cette fois à l’hôpital Pierre Wertheimer de Bron, dans la banlieue de Lyon.
Après une convalescence de deux mois, les deux petites filles se portaient désormais bien. « Les opérations sont derrière, elles vont bien (…) C’est une nouvelle vie qui commence pour elle », s’est réjoui Gina Martinez, responsable de la Chaîne de l’espoir, association qui a rendu l’opération de Bissie et Eyenga possible.
« Mais ce n’est pas un adieu. On va se revoir bientôt »
L’opération achevée, il fallait les ramener au Cameroun, leur pays natal. Et ce moment se révéla particulièrement douloureux pour tout le monde. « C’est encore un peu difficile de se dire qu’elles vont partir », a confié Aurore, tôt le mardi matin à l’aéroport, avant le départ des petites filles. Avec son compagnon Julien, ils ont accueilli les deux fillettes et leur maman pendant leur séjour à Ampuis, près de Lyon. « On fait partie de la même famille maintenant. On partage tellement de choses très fortes depuis le début que nos liens sont tissés à jamais », explique-t-elle. Même déchirement pour son compagnon : « c’est comme mes enfants donc évidemment j’aimerais bien les garder. C’est très intense. Je ne réalise pas encore leur départ », a dit Julien. Puis de promettre : « Mais ce n’est pas un adieu, juste un au revoir. On va se revoir bientôt ».
Après une escale à Paris, les fillettes et leur jeune mère ont pris un vol pour le Cameroun. A leur arrivée à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen, le mardi soir, elles ont été acclamées par des dizaines de proches et de curieux. « Je suis fière de les voir séparées. Elles se portent bien et sont vaillantes », a rassuré leur jeune maman, Laurelle Ngali.
Les petites bénéficieront d’un suivi médical pour apprendre à vivre séparément
A leur sortie de l’aéroport, une ambulance a conduit la maman et ses bébés à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, où les fillettes avaient grandi en attendant leur opération. Mais elles n’y resteront cette fois-ci que quelques jours avant de rentrer dans leur famille. « Il faut considérer qu’elles sont normales désormais et vont évoluer seules », a expliqué le professeur Faustin Mouafo, le chirurgien-pédiatrique qui les a suivies dès leur naissance.
« Elles auront un suivi comme tous les autres enfants mais il y aura des suites opératoires », a-t-il précisé, en ajoutant : « Ce qui sera spécifique, c’est qu’on va leur apprendre à vivre séparément parce qu’elles se sont regardées pratiquement pendant douze mois ». Puis, elles rentreront définitivement chez elles, au centre du Cameroun.
La jeune mère rejetée par ses parents
La maman a 18 ans quand elle accouche en urgence, au Cameroun, par césarienne. Ses parents l’ont ensuite rejetée. Laurelle Ngali a dû alors se tourner vers l’Etat camerounais et l’association Chaîne de l’espoir pour permettre à ses filles de connaître une vie meilleure.