Le mur des 100 ans

Santé Une

Une nouvelle étude remet en cause l’illusion de l’immortalité, indiquant notamment que vivre au-delà d’un siècle pourrait relevant de l’exceptionnel pour un humain.

Alors que la science essaie de percer le secret de la vie éternelle, une nouvelle donnée vient peut-être de doucher définitivement les espoirs des plus optimistes à cet effet. Pour cause, elle bat en brèche l’idée d’une prolongation de la durée de vie sur terre au-delà d’une centaine d’années.

Publiée le 7 octobre dernier dans la prestigieuse revue spécialisée Nature Aging, l’étude au titre pour le moins évocateur « L’invraisemblance d’une prolongation radicale de la vie humaine au XXIe siècle », indique que même dans les pays aux conditions les plus propices, peu de personnes peuvent prétendre à ce chiffre avant leur mort.

C’est-à-dire une proportion de 5% pour les hommes et 15% pour les femmes. « Contrairement à ce qu’affirment certains livres à succès, l’idée que la majorité des enfants nés aujourd’hui vivront centenaires est tout simplement fausse« , souligne Bradley Willcox, co-auteur de l’étude et chercheur à l’Université d’Hawaii.

Les centenaires resteront l’exception

Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de chercheurs menée par S. Jay Olshansky de l’Université de l’Illinois à Chicago a analysé les données démographiques des huit pays ayant la plus longue espérance de vie au monde, sur la période 1990-2019.

Cela concerne l’Australie, la France, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, l’Espagne, la Suède et la Suisse, ainsi que Hong Kong et les États-Unis. Tous ont montré un fort ralentissement de l’augmentation de l’espérance de vie. Mieux, les métriques démographiques ont révélé une difficulté à gagner ne serait-ce qu’une année supplémentaire pour les populations concernées.

Plus généralement, l’étude démontre qu’aucun pays n’a connu ce que les chercheurs appellent une « extension radicale de la durée de vie » (définie comme un gain de trois ans de l’espérance de vie par décennie) depuis 1990.

Seuls Hong Kong et la Corée du Sud s’en sont approchés, mais uniquement sur la décennie 1990-2000. Depuis, eux aussi ont connu une stagnation.

Les limites biologiques du vieillissement

Les chercheurs ont par ailleurs déterminé qu’atteindre une espérance de vie de 110 ans – un objectif souvent cité par les partisans de l’extension radicale de la longévité – nécessiterait des « changements démographiques spectaculaires et hautement improbables ».

Il faudrait ainsi que 70% des femmes atteignent l’âge de 100 ans, que 24% dépassent les 122 ans (l’âge record actuel), et que 6% vivent au-delà de 150 ans. Autant dire une véritable gageure. « Ces chiffres montrent à quel point l’idée d’une extension radicale de la durée de vie humaine est irréaliste« , commente le Professeur Olshansky. « Même si nous parvenions à éliminer complètement certaines causes majeures de mortalité, nous nous heurterions toujours aux limites biologiques du vieillissement. »

Faut-il pour autant abandonner tout espoir de vivre plus longtemps et en meilleure santé ? Les chercheurs veulent croire à un miracle en pariant notamment sur les avancées de la science du vieillissement biologique.


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