Satisfaire les actionnaires ou investir dans la transition écologique ? Les entreprises du CAC 40 ont fait leur choix. En 2022, elles ont versé près de quatre fois plus de dividendes à leurs investisseurs que ce qu’elles ont injecté dans le climat.
Malgré les engagements pris ces dernières années, les entreprises du CAC 40 continuent de sacrifier le climat au profit de leurs actionnaires. En 2022, elles ont versé près de quatre fois plus de dividendes à ces derniers que ce qu’elles ont investi dans la transition écologique. C’est ce qu’indique une étude d’Oxfam publiée le lundi 27 mai 2024.
16,8 milliards d’euros dans la transition écologique, contre 67,3 milliards pour les actionnaires
Selon l’ONG de défense de l’environnement, les dividendes et rachats d’actions des multinationales s’élevaient à 67,3 milliards d’euros en 2022, alors que les investissements dans le climat atteignaient à peine 16,8 milliards d’euros. Cet écart est d’autant incompréhensible que leurs bénéfices ont explosé en quelques années. D’ailleurs, le CAC 40 affiche un niveau moyen d’investissements verts (11%) en dessous de la moyenne européenne (15%).
Les agroindustriels moins regardants sur le climat
Oxfam constate donc avec regret que les grandes entreprises françaises continuent de privilégier la rémunération des actionnaires au détriment des investissements verts. L’ONG pointe du doigt, en particulier, les géants de l’agroalimentaire. Danone, par exemple, a versé 420 fois plus de dividendes à ses actionnaires qu’il n’a investi dans la transition écologique. Quant à Pernod-Ricard et Carrefour, ils ont arrosé respectivement 41 et 22 fois plus leurs associés que la planète.
Les entreprises du CAC 40 encore très loin des objectifs des Accords de Paris
Oxfam note également que les entreprises du CAC 40 sont encore très loin des objectifs des Accords de Paris. Pis, ces grands groupes ne font pas preuve d’une totale transparence au niveau du bilan carbone. En effet, 37 d’entre eux ont fourni en 2022 un rapport exhaustif de leur bilan d’émissions de gaz à effet de serre. Il faut toutefois reconnaitre que c’est une avancée par rapport à 2020, année pendant laquelle seuls 10 l’avaient fait.
Alstom et Legrand, les bons élèves du CAC 40
Si Danone, Pernod-Ricard et Carrefour misent peu dans le climat, c’est bien Stellantis, TotalEnergies et Airbus qui ont la plus grande empreinte carbone. A l’opposé, Alstom et Legrand sont les entreprises les mieux alignées sur la trajectoire des Accords de Paris (1,5°C d’ici 2030). Au rythme actuel des investissements, les sociétés du CAC 40 nous mènent vers un réchauffement à 2,7°C, estime Oxfam. « Un tel niveau de réchauffement exposerait 2,1 milliards de personnes à des températures extrêmes », prévient l’ONG.
Plafonner les dividendes versés aux actionnaires du CAC 40
Pour éviter des catastrophes, Oxfam recommande aux entreprises du CAC 40 de plafonner les dividendes versés aux actionnaires pour les réorienter vers les investissements verts. L’organisation environnementale estime que 2% des dividendes et rachats d’actions versés aux associés du CAC 40 pourraient suffire à couvrir leurs besoins en investissement dans la transition écologique. Oxfam préconise aussi d’interdire les versements aux actionnaires, tant qu’ils ne mettent pas en place une stratégie climat ambitieuse et un plan financement clair.
Conditionner les aides publiques et l’accès aux marchés publics
Par ailleurs, l’association invite les entreprises du CAC 40 à prendre l’exemple sur le Crédit Mutuel et la MAIF. Ces deux groupes consacrent 10 à 15% de leurs bénéfices à la transition écologique et sociale. En outre, Oxfam demande au gouvernement de mettre en place une écoresponsabilité contraignante pour les multinationales. L’Etat pourrait notamment conditionner les aides publiques et l’accès aux marchés publics à l’alignement sur les Accords de Paris.