Ce métal léger de couleur argentée, présent à l’état de traces dans l’organisme humain, pourrait jouer un rôle décisif dans le traitement de cette maladie dégénérative, selon une nouvelle étude scientifique.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le lithium pourrait bien avoir des vertus médicales insoupçonnées, notamment contre la maladie d’Alzheimer. C’est l’un des principaux enseignements d’une récente étude publiée le mois dernier dans la prestigieuse revue Nature.
Quand on évoque le lithium, l’image qui vient spontanément à l’esprit est celle des batteries de nos téléphones portables ou des piles de nos montres. Pourtant, ce métal alcalin se trouve naturellement en infimes quantités dans notre organisme.
Les travaux menés par la Harvard Medical School sont partis d’une observation : dans les zones cérébrales affectées par cette pathologie neurodégénérative, la concentration en lithium est significativement plus faible que dans les régions saines.
Cette corrélation a ouvert une piste de recherche dont les premiers résultats en laboratoire se révèlent particulièrement prometteurs, grâce à une expérimentation menée sur des souris porteuses du gène de la maladie.
Des « aimants » à lithium fatals
Contrairement aux traitements actuels qui se contentent au mieux de ralentir la progression du trouble cognitif, l’administration de lithium a provoqué chez ces rongeurs un véritable recul de cette affection dégénérative. Mieux, les souris ont retrouvé leurs capacités mnésiques, et cet effet s’est révélé réversible.
Les scientifiques ont par ailleurs découvert que les personnes présentant naturellement des taux de lithium plus élevés dans leur cerveau se sont plus réactives aux tests de mémoire. Cela suggère que ce minéral a un effet protecteur sur les fonctions cognitives.
Pour comprendre cette action du lithium, les scientifiques se sont penchés sur les plaques amyloïdes, identifiés comme l’un des principaux coupables de la maladie d’Alzheimer. Ces amas de protéines s’accumulent progressivement dans le cerveau des patients, de façon à perturber le fonctionnement neuronal et à contribuer au déclin cognitif.
De fait, plus ces plaques décrites comme des « aimants à lithium » se développent, plus elles privent le cerveau de ce métal dont il a besoin pour fonctionner correctement. Cette privation favorise à son tour la formation de nouvelles plaques.
L’urolithium comme voie de salut
Mais tous les lithiums ne se valent pas, et c’est là que réside peut-être la clé du succès futur. L’orotate de lithium se distingue ainsi par sa moindre affinité avec les plaques amyloïdes. « Cette expérience représente une bonne nouvelle face à la maladie« , se réjouit Luc Buée, directeur du Centre de recherche Lille Neuroscience & Cognition, dans les colonnes de France 24.
C’est d’autant plus significatif qu’avec le vieillissement de la population mondiale, la maladie d’Alzheimer connaît une progression inquiétante, touchant actuellement 35,6 millions de personnes à travers le monde.
La route vers un traitement concret reste toutefois semée d’embûches, avec un délai estimé entre 10 et 25 ans. À cela s’ajoute le défi du financement. « Aucune compagnie pharmaceutique ne va faire de profit sur le lithium », confie Tomas Hajek, psychiatre à l’Université Dalhousie, cité dans Nature.
Une voie de salut subsiste cependant : les laboratoires pharmaceutiques pourront protéger leurs innovations en brevetant la façon dont ils préparent et présentent le traitement.