Au Mexique, le combat contre la malbouffe s’intensifie

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Le pays en proie à l’obésité, particulièrement chez les enfants, dispose désormais d’une loi réprimant la mauvaise alimentation dans les établissements scolaires.

Depuis le 1er avril, les écoles publiques mexicaines ont rompu avec la malbouffe. Fini les donuts, bonbons, pizzas, hamburgers, chips et autres pâtisseries à la cantine. Place aux fruits, légumes, haricots et à l’eau potable, conformément à une nouvelle loi sur l’alimentation scolaire.

La législation qui bannit l’accès à la « comida chatarra » dans les établissements d’enseignement instaure également la création de brigades de santé chargées de faire respecter l’interdiction et de surveiller l’état nutritionnel des élèves.

Des infirmières scolaires, des étudiants en nutrition et des volontaires du Service national de Santé investissent ainsi chaque matin les cours de récréation, équipés de pèse-personnes, mètres ruban, lampes buccales et tests de vision pour cette mission cruciale pour l’avenir sanitaire du pays.

Car le Mexique est frappé de plein fouet par une épidémie d’obésité infantile, avec 41,2% des enfants de 5 à 13 ans souffrant de surpoids selon le ministère de la Santé, cité par Le Monde.

Des facteurs multiples

Ce fléau porte la signature d’une transformation brutale du paysage alimentaire mexicain, orchestrée depuis trois décennies par les géants de l’industrie agroalimentaire. Profitant de l’ouverture du marché mexicain à travers l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), les multinationales américaines ont « envahi » le pays, d’après Le Monde.

Ainsi, avec une consommation moyenne de 163 litres de sodas par personne et par an – un record mondial selon l’Organisation mondiale de la santé -, le Mexique est devenu le laboratoire grandeur nature d’une stratégie commerciale dévastatrice.

Dans le détail, 82,6% des enfants de moins de 5 ans consomment régulièrement des boissons sucrées, un pourcentage qui grimpe à 93% chez les 5-11 ans. Chaque canette de 50 centilitres – format roi dans le pays – contient l’équivalent de neuf cuillerées de sucre, soit 156% de l’apport quotidien recommandé.

L’espoir d’une reconquête alimentaire

Même des bébés de six mois boivent du Coca-Cola au lieu du lait. Coca-Cola FEMSA, le plus grand embouteilleur mondial du groupe, détient 53,7% du marché des boissons gazeuses au Mexique, et le pays représente à lui seul 44% du volume total de Coca-Cola en Amérique latine.

Face à cette invasion commerciale, plusieurs acteurs organisent la résistance, dont la loi anti-malbouffe constitue le dernier acte. Le centre de recherche sur l’alimentation et la santé de l’Institut national de santé publique (INSP) mène ce combat avec l’instauration, en 2014, d’une taxe de 10% sur les sodas et de 8% sur les aliments trop riches en gras, sucre et sel.

À cela s’ajoute la mise en place, en 2020, de pictogrammes noirs en forme d’octogone pour signaler les excès de sucre, calories et sel sur tous les emballages. Avec la nouvelle loi scolaire, l’objectif est désormais de réduire l’obésité de 6% d’ici 2030 en coupant l’accès à 200 000 points de vente de malbouffe dans le pays.


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