Édouard Herbo, le révolutionnaire de la finance

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Ce gestionnaire de fortunes se distingue par son approche profondément anti-héritage et sa vision sociale du rapport à l’argent.

Dans le monde si intéressé de la gestion patrimoniale où les conversations tournent souvent autour des rendements et des optimisations fiscales, Édouard Herbo détonne. En effet, tout chez ce quadragénaire, pourtant spécialiste de la finance, relève de l’anti-finance traditionnelle.

Le fait d’être à la tête de Keepers Family Office, une société de gestion de patrimoine familial qui brasse trois milliards d’euros, ne l’empêche pas de tenir un langage de vérité, voire cru, à ses clients. Au risque de les braquer.

« Au sein de la famille, l’argent est toxique, ça, c’est vraiment une certitude », assure-t-il au Monde. Ce quadragénaire, longtemps privé de figure paternelle, sait de quoi il parle. « J’ai dû le voir dix fois dans mes dix premières années », se remémore Herbo à propos de son père, Bernard Herbo.

Ancien d’IBM, ce dernier a fait fortune dans la gestion de patrimoine avant de diriger l’emblématique cristallerie Daum. Un parcours qui vaut à ce fils de charcutier de figurer dans les plus illustres pages de magazines dédiés aux réussites entrepreneuriales.

La force du déchirement

Le jeune Édouard vit ces réussites de loin, non sans un certain déchirement. D’autant que le père ne prend même pas la peine de mentionner son fils dans sa notice du Who’s Who. Un effacement de la photo de famille qui marquera profondément l’enfant.

« J’étais mal, j’avais des terreurs nocturnes, j’étais dernier en classe tous les ans », confie-t-il aujourd’hui, évoquant une scolarité chaotique. À 20 ans, son baccalauréat professionnel d’électrotechnique en poche, l’homme se passionne pour la Bourse. Pilote d’avion depuis cinq ans déjà, il devient trader et se hisse en finale du championnat de France de trading la même année.

Il bascule ensuite dans la gestion de fortune. « Il y a forcément de l’inconscient derrière tout ça », commente-t-il dans les colonnes du Monde, lui qui a fini par embrasser la même carrière que son père.

Une conscience sociale et environnementale

Depuis ses bureaux parisiens, le patron de Keepers Family Office n’hésite pas à aller à contre-courant de l’approche dominante.

« Ce n’est pas raisonnable ! Votre argent, vous l’avez gagné ici. Mieux vaut laisser à vos petits-enfants une qualité de vie et de l’emploi, plutôt que du pognon qui sent la mort », lance-t-il à ceux qui souhaitent investir dans les énergies fossiles ou délocaliser leurs capitaux.

Ce discours pourrait paraître hypocrite venant d’un financier prospère. Il s’enracine pourtant dans une forte conviction personnelle. Édouard Herbo s’est fait une promesse : une fois son entreprise consolidée, il la vendra pour créer une fondation dédiée à la biodiversité.

« Oui, la solution, c’est la dépossession, j’en suis convaincu », professe-t-il sans ambages, promettant de consacrer la majeure partie de son patrimoine à cette fondation.


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