Un cas de poliomyélite vient d’être détecté dans l’enclave palestinienne pour la première fois depuis 25 ans. Les conditions sanitaires déplorables sur place font craindre le pire.
Alors que les bombardements de l’armée israélienne se poursuivent sans relâche depuis bientôt un an sur la bande de Gaza, une nouvelle calamité pourtant redoutée vient de faire son apparition sur ce territoire meurtri : la poliomyélite.
Le virus a été détecté vendredi 16 août, chez un bébé de six mois non vacciné, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. L’OMS et l’Unicef ont par ailleurs annoncé l’identification de « trois enfants présentant une suspicion d’un symptôme courant ».
Alors que les enquêtes sont d’ores et déjà engagées pour faire la lumière sur l’ampleur du virus, le profil des cas mentionnés renseigne sur ce qui pourrait advenir en cas d’infection de masse. La poliomyélite est en effet connue pour toucher principalement les enfants de moins de cinq ans.
Une vaccination au point mort
Or cette couche de la population se retrouve totalement démunie. En raison d’une guerre relancée depuis plus de dix mois, les équipes sanitaires n’ont pu mener leur campagne routinière de vaccination des enfants, pourtant autrefois bien avancée selon de nombreux spécialistes, à Gaza.
Entre les routes détruites sous les bombardements, l’instabilité permanente, les centres de santé débordés ou fermés : le tissu déjà fragile du système de soins gazaoui a craqué depuis le début des hostilités le 7 octobre 2023.
« On est déjà dans un état catastrophique. La vaccination de façon générale a été très grandement impactée, beaucoup d’enfants ne sont pas vaccinés », regrette Julie Faucon, coordinatrice médicale pour Médecins sans frontières, interrogée par le journal Le Parisien.
Une situation d’autant plus alarmante…
De fait, les observateurs craignent que ce premier cas ne soit que la face émergée de l’iceberg, les prémices d’une épidémie de grande ampleur. La situation est d’autant plus critique que Gaza devenu un camp de réfugiés à ciel ouvert, recense 640 000 âmes de moins de dix ans.
« Il est essentiel que tous les enfants de Gaza soient entièrement vaccinés », déclare auprès du Parisien, Tarik Jašarević, l’un des porte-parole de l’OMS. Il faudrait pour cela que les conditions d’une telle campagne soient réunies. Ce qui est loin d’être le cas à ce jour, malgré les appels incessants de l’ONU.
De quoi faire pester Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève. « La responsabilité de ceux qui perpétuent ces conflits est écrasante sur la santé des enfants », assène-t-il dans les colonnes du Parisien.