Au Mali, l’armée nationale a repris mardi la ville de Kidal, contrôlée depuis 2012 par certains groupes rebelles. Cette importante victoire rapproche Bamako de ses objectifs de souveraineté. Mais cela suffit – il à ramener la paix au Mali, pays en guerre depuis plus de 10 ans ? Il faudra aussi panser les véritables plaies.
L’armée malienne s’est emparée mardi de la très stratégique ville de Kidal, bastion de la rébellion, après plusieurs jours de combats. Cette prise capitale est l’aboutissement d’une vaste offensive lancée il y a quelques semaines sur le centre et le nord, où sévissaient certains groupes rebelles. Les FAMA occupent désormais des communes comme Ber, Aguelhok, Anéfis et Tessalit plus au nord.
Des inquiétudes sur le sort de la population
Alors que l’armée malienne regarde désormais vers l’extrême nord, elle pourrait faire face à des contre-offensives des rebelles Touaregs qui ont replié dans les collines autour de Kidal, face à la puissance de feu de l’ennemi. Les organisations internationales s’inquiètent donc du sort des civils, qui seront certainement pris en tenailles. Elles craignent d’ailleurs des représailles de la part des deux camps et un autre flux massif de réfugiés.
Certains opposants souhaitent un cessez-le-feu immédiat
La société civile malienne et certains les opposants s’inquiètent également pour la population. Ils redoutent surtout que la guerre actuelle ne ravive les tensions déjà très fortes entre les communautés. C’est le cas de Oumar Mariko, président du parti Sadi qui, de son exil, appelle à un cessez-le-feu immédiat. Selon lui, la guerre en cours « éloigne des objectifs politiques stratégiques d’unité nationale, de stabilité et de démocratie ».
Une conséquence de l’échec de l’accord d’Alger
Une partie de la classe politique malienne pense d’ailleurs que la guerre actuelle n’est que la conséquence des échecs politiques. En particulier, l’échec de l’accord d’Alger signé en juin 2015 entre la République du Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Cet accord, qui vise à mettre fin au conflit malien, prévoit la création d’une armée reconstituée intégrant les rebelles, une décentralisation poussée et des mesures de développement économique pour le nord. Par ailleurs, il privilégié le dialogue et la réconciliation nationale.
Aliou Diallo appelle à privilégier le dialogue
Au Mali, un poids lourd de la politique, fait ces recommandations depuis plusieurs années. Il s’agit d’Aliou Diallo, président du parti ADP-Maliba. L’ex député de Kayes a toujours appelé à privilégier le dialogue dans la résolution de la crise malienne. Il exhorte à l’union sacrée des fils et filles du Mali pour venir à bout du terrorisme, le seul ennemi du pays.
Et à soigner les véritables maux du Mali
Aliou Diallo appelle également à gommer les injustices sociales. Il a préparé un plan Marshall pour le Mali, qui vise la reconstruction totale du pays. Le PDG d’Hydroma prévoit une décentralisation effective pour un développement harmonieux et équitable des régions sur la base de leurs ressources. Il veut aussi lancer de grands chantiers sur tout le territoire (usines, routes, centrales électriques, universités, écoles) et financer massivement l’entrepreneuriat. L’ex député de Kayes croit ainsi pouvoir mettre fin au chômage et la pauvreté, les véritables maux du Mali.
Le Mali a besoin d’un homme politique moins clivant
Pour de nombreux Maliens, Aliou Diallo représente une alternative crédible. Il serait le candidat idéal pour mener la transition démocratique dès 2024. On met en avant son amour pour le dialogue, sa politique de rassemblement, son engagement pour la population malienne, son patriotisme, son esprit visionnaire, sa foi inébranlable à la démocratie et sa réussite dans les affaires. Mais ces qualités suffiront-ils à relever un pays confronté à une crise multidimensionnelle ?