Manger des produits issus de l’agriculture biologique permettrait de réduire le risque de diabète d’un tiers. C’est ce qu’indique une étude publiée dans l’International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity.
Plus de 30 000 participants et quatre ans d’études
Etre un grand consommateur de produits issus de l’agriculture biologique permettrait de voir ses risques de développer un diabète de type 2 diminuer d’un tiers, selon une étude publiée dans l’International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity. Cette enquête effectuée par une équipe franco-américaine repose sur les données de 33 256 participants (76% de femmes avec un âge moyen de 53 ans) issus de l’étude de cohorte prospective française NutriNet-Santé. Les volontaires appelés « Nutrinautes » ont été divisés en cinq groupes en fonction de la fréquence de consommation des produits bio : jamais, rarement, la moitié du temps, souvent et toujours. Ils ont été suivis pendant quatre ans (2014 à 2019).
Après ajustement pour les facteurs de confusion tels que le mode de vie (activité physique, tabagisme, consommation d’alcool) et la qualité nutritionnelle générale de l’alimentation évaluée selon les recommandations françaises, les chercheurs franco-américains ont constaté que la consommation d’aliments labellisés « AB » était bien associée à un risque plus faible de diabète de type 2 (environ 300 cas ont été décelés). Ainsi, les participants ayant le quintile le plus élevé de consommation d’aliments « bio » par rapport à ceux ayant le quintile le plus bas avaient un risque 35% plus faible de DT2. Et chaque augmentation de 5% de consommation de ces aliments par rapport au régime alimentaire permettait de faire diminuer le risque de diabète de 3%.
Les femmes plus sensibles aux produits bio
Aussi, les scientifiques affirment que le résultat était différent selon le genre des participants. « Nous voyons un effet particulièrement marqué chez les femmes, avec une réduction du risque de 65 % chez les plus grandes consommatrices de produits bio, mais pas d’effet significatif chez les hommes, qui représentent 24 % de la cohorte. », précise au Monde Emmanuelle Kesse-Guyot de l’Inrae, première autrice de l’étude. On pense qu’elles auraient une capacité à se détoxifier supérieure à ces derniers.
Une absence de perturbateurs endocriniens dans l’alimentation bio
Cette baisse du risque de diabète constatée au cours de l’étude s’expliquerait simplement par une moindre présence de produits chimiques dans les aliments bio. En effet, dans les végétaux issus de l’agriculture traditionnelle, on trouve des résidus de produits phytosanitaires qui contiennent des perturbateurs endocriniens. Or, ceux-ci sont favorisent l’apparition de pathologies telles que le diabète ou l’obésité. Les chercheurs concluent cependant sur le fait que d’autres études supplémentaires, menées dans d’autres contextes et sur une période plus longue, sont nécessaires « pour reproduire ces résultats à des fins de confirmation et pour élucider les mécanismes sous-jacents. »