La prestigieuse maison de mode s’est vue infliger une amende de 3,5 millions d’euros par le régulateur italien pour déclarations trompeuses en matière d’éthique.
« Il est évident que la protection des droits et de la santé des travailleurs ne correspondait pas au contenu des déclarations de responsabilité éthique et sociale diffusées par Giorgio Armani S.p.A. et G.A. Operations S.p.A. »
Dans sa décision du 1er août, l’Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato (AGCM), le régulateur antitrust italien, condamne fermement Giorgio Armani et sa société industrielle de production pour leur défaillance éthique et sociale.
Le régulateur évoque « des déclarations trompeuses en matière d’éthique et de responsabilité sociale en contraste avec les conditions de travail réelles constatées chez les fournisseurs et sous-traitants » du géant du luxe.
D’où l’amende de 3,5 millions d’euros qu’il a décidé d’infliger aux deux groupes. Celle-ci fait suite aux failles graves révélées par une enquête de l’AGCM sur le système de contrôle de la chaîne d’approvisionnement du géant mondial du luxe, laquelle a mis en lumière des conditions de travail précaires dans des ateliers sous-traitants, dont certains opèrent dans l’illégalité.
Une contradiction flagrante dénoncée
L’autorité de régulation reproche à Armani de promouvoir publiquement des « engagements éthiques forts » et des « standards de responsabilité sociale » qui ne correspondent pas à la réalité sur le terrain.
Les documents saisis montrent que, jusqu’à récemment, Armani ne disposait pas d’une cartographie claire de sa filière de production, en particulier au niveau des sous-traitants (appelés « tier 2 »), ni même d’un suivi des audits antérieurs effectués en Italie.
Un échange interne daté de 2022 révèle que le groupe n’avait pas une « connaissance approfondie du statut du tier 2 », soulignant une absence de transparence dans la chaîne d’approvisionnement.
Le rapport interne montre également que le document intitulé « Procédure et Lignes directrices – Audit de Durabilité » était encore en version brouillon en juillet 2024, soit des années après la création du département dédié à la durabilité.
Exploitation de main-d’œuvre et travail au noir
Les griefs retenus contre la société italienne incluent l’emploi de travailleurs dans des conditions illégales, dans des environnements compromettant leur santé et leur sécurité, le recours au travail au noir, ainsi que des conditions sanitaires inadéquates.
Par ailleurs, des dispositifs de sécurité ont été supprimés dans certaines usines pour augmenter la production, d’après l’enquête. Face à ces accusations, Armani affirme avoir « toujours visé à opérer avec équité et transparence envers les consommateurs et les parties prenantes ».
La maison de mode a annoncé son intention de faire appel devant un tribunal administratif régional italien. L’année dernière, une de ses filiales avait déjà été placée sous administration judiciaire pour exploitation de la main-d’œuvre, mesure levée plus tôt cette année.