Le retour au bureau voulu par la direction suscite une forte opposition parmi les salariés, massivement mobilisés contre cette décision.
C’est une semaine exceptionnellement mouvementée que vient de vivre la Société Générale (SocGen). Après avoir vu ses locaux parisiens et luxembourgeois pris d’assaut mardi 24 et mercredi 25 juin par l’Office national antifraude dans le cadre d’une perquisition liée à une enquête pour blanchiment présumé de fraude fiscale, la banque française a été désertée deux jours plus tard.
À l’appel de leurs différents syndicats, une large partie des employés est tout simplement restée chez eux vendredi 27 juin afin de protester contre la fin du télétravail décrétée par la direction.
Le directeur général Slawomir Krupa a indiqué, la semaine dernière, dans un courrier adressé aux salariés qu’il souhaitait les voir au bureau quatre jours par semaine, dans le souci d' »harmoniser les pratiques de télétravail » et d' »améliorer la performance ».
Cette décision remet en cause une pratique établie depuis 2021, au plus fort de la crise du Covid. Elle permettait aux employés de travailler deux jours par semaine depuis chez eux, voire trois ou quatre jours pour les fonctions support. « Un retour en arrière inédit » que les salariés n’entendent pas subir sans broncher.
Une décision unilatérale
La mobilisation orchestrée par l’intersyndicale CFTC, CFDT et CGT, rejointe par le SNB CFE-CGC, a dépassé toutes les attentes, d’après les témoignages recueillis par Le Parisien. Dans certains centres de services, 50% des employés ont cessé le travail.
Le taux grimpait à 80% dans certaines filiales comme SG Securities Services, et atteignait même 90% chez GTPS, filiale dédiée aux services aux entreprises. « D’habitude on est prévenu. Là, tous les syndicats l’ont découvert comme tout le monde dans un mail », regrette Frédéric, président national du SNB/CFE-CGC.
La colère gronde à la fois contre une décision jugée unilatérale et ses conséquences potentielles sur les employés, dont beaucoup ont adopté un certain mode de vie depuis la pandémie.
Un bras de fer d’enjeu national
« Comment cela va finir pour tous ceux qui pensaient que le télétravail était un acquis ? Ceux aussi qui ont déménagé à Marseille, Bordeaux, Rennes avec leur famille et viennent sur le site de La Défense (Hauts-de-Seine) ou du Val-de-Fontenay (Val-de-Marne) un ou deux jours seulement par semaine ? Ils sont nombreux à ne pas bien dormir ! », dénonce le responsable du SNB/CFE-CGC, dans les colonnes du Parisien.
L’enjeu de ce bras de fer dépasse le cadre de la Société Générale, alors que les syndicats projettent déjà une nouvelle journée de mobilisation baptisée « Tous sur site » le 3 juillet. En effet, d’autres entreprises françaises observent attentivement cette bataille, notamment Iliad (maison mère de Free) qui a pris une décision similaire, provoquant également un préavis de grève de ses syndicats pour le 1er juillet.
Cette crise à la Société Générale pourrait donc bien faire école et redéfinir les contours du travail en France, alors que les employeurs se montrent de plus en plus réticents au télétravail.