Un groupe d’activistes pro-environnement dénonce le sponsoring de la Coupe d’Afrique des Nations par le géant pétrolier français, accusé de greenwashing et de violations des droits humains sur le continent.
« Bienvenue à tous sur le panel d’un des plus grands pollueurs de la planète. TotalEnergies est aux commandes. Net Zéro 2050, voilà notre nouveau label ». Dans un clip diffusé le 19 décembre dernier, le collectif sénégalais Journal Rappé cible frontalement le géant pétrolier français.
Présent depuis plusieurs décennies en Afrique, TotalEnergies est également le principal sponsor de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, ouverte le 21 décembre au Maroc. De quoi irriter Xuman, Keyti, ISMA, Safaray et Bhanshee.
À travers leur morceau intitulé Global Energies, les membres de Journal Rappé dénoncent la contribution du groupe pétrogazier à la hausse des émissions de gaz à effet de serre, tout en tournant en dérision sa communication autour du développement durable.
« Les catastrophes climatiques se multiplient sur le continent depuis dix ans. Des vies, des maisons, des moyens de subsistance disparaissent à cause de phénomènes liés à la crise climatique et aux énergies fossiles. Total prétend être une entreprise responsable, mais continue d’investir massivement dans le gaz et le pétrole », déplore Sherelee Odayar, militante de Greenpeace Afrique, citée par RFI.
Un paradoxe révélateur
L’ONG y voit « une gifle aux Africains », estimant que ceux qui subissent le plus durement les conséquences du réchauffement climatique voient désormais leur tournoi emblématique servir de vitrine à un groupe pétrolier.
Les rappeurs évoquent aussi les déplacements forcés de populations provoqués par des projets d’extraction menés par TotalEnergies. « Vous dites Net Zéro, joli zéro village », ironisent-ils, soulignant le fossé entre les promesses écologiques de l’entreprise et la réalité sur le terrain.
« L’Afrique a été dépouillée de ses richesses durant la colonisation, et ils poursuivent aujourd’hui une forme de néocolonialisme en exploitant encore nos ressources. Les retombées économiques qu’ils promettent ne profitent pas aux populations, mais à leurs propres intérêts et à ceux des élites », poursuit Odayar.
Le piège de la dépendance financière
Face à ces critiques, TotalEnergies affirme à RFI que l’Afrique fait partie intégrante de son « ADN ». L’entreprise met en avant les 10 000 emplois qu’elle revendique sur le continent ainsi qu’un objectif de 13 % d’énergies renouvelables dans son mix de production d’ici 2030.
Le groupe défend une stratégie dite « équilibrée » entre pétrole, gaz et renouvelables, invoquant les besoins du marché et la sécurité énergétique.Cependat, selon une enquête de The Athletic, la Confédération africaine de football (CAF) demeure fortement dépendante du mécénat de TotalEnergies.
Le contrat liant les deux institutions, en vigueur jusqu’en 2029, aurait ainsi déjà rapporté 1,125 milliard de dollars (environ 840 millions de livres) à la CAF, une progression notable par rapport aux précédents accords.
