Une récente étude menée aux États-Unis alerte sur les conséquences préoccupantes de l’usage des téléphones chez les jeunes enfants.
Alors que la question de l’exposition des enfants aux téléphones portables demeure une préoccupation majeure dans de nombreux pays occidentaux, une récente étude relance le débat sur l’âge approprié pour en posséder un.
Publiée le 1er décembre dans le prestigieux Journal of Pediatrics, elle montre que les enfants recevant un smartphone avant 12 ans présentent des risques nettement plus élevés de dépression (1,3 fois), d’obésité (1,4 fois) et de troubles du sommeil (1,6 fois).
Plus alarmant, chaque année gagnée vers un âge d’équipement plus précoce — parfois dès 4 ans — accroît d’environ 10 % la probabilité de développer ces troubles, comparativement aux jeunes qui obtiennent un téléphone plus tard ou n’en ont pas du tout.
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs se sont appuyés sur les données de plus de 10 500 enfants, suivis entre 9 et 16 ans dans le cadre de l’Adolescent Brain Cognitive Development Study, un programme de référence sur le développement cérébral à l’adolescence.
Un risque accru avant 12 ans
Les équipes de l’Université de Pennsylvanie, de Berkeley et de Columbia ont croisé l’âge d’acquisition du premier téléphone avec divers indicateurs liés à la santé mentale, au poids et au sommeil, sur la période 2016–2022.
L’étude révèle également que les jeunes de 13 ans n’ayant obtenu leur premier smartphone qu’au cours de l’année précédente affichaient, eux aussi, une santé mentale plus fragile et un sommeil perturbé, même après ajustement des variables externes.
« C’était assez surprenant, je dois dire. Nous avions conçu l’étude pour tester une hypothèse précise, mais ces résultats se sont révélés particulièrement convaincants », confie le Dr Ran Barzilay, auteur principal et psychiatre pour enfants et adolescents au Children’s Hospital of Philadelphia, dans un entretien avec ABC News.
Retarder l’âge, mieux encadrer l’usage
Pour ce spécialiste, la question du « moment idéal » pour offrir un téléphone est devenue un dilemme universel pour les parents de préadolescents. Il admet y avoir été lui-même confronté, ce qui a nourri sa volonté de lancer cette recherche.
Bien qu’observationnelle et sans démonstration de causalité directe, l’étude s’ajoute à un ensemble croissant de travaux faisant le lien entre usage précoce des écrans et difficultés socioémotionnelles.
« Les smartphones ne sont pas uniquement néfastes, nuance Barzilay. Ils offrent aussi des avantages, notamment pour maintenir le lien social ». Il insiste toutefois sur la nécessité d’un cadre parental strict incluant l’interdiction du téléphone au coucher ou pendant les repas, l’encouragement à participer à des activités éducatives et sociales. « Un enfant peut aussi se sentir isolé s’il est le seul à ne pas en avoir », met par ailleurs en garde Ran Barzilay.
