Comment la chaleur rend les Américains accros au sucre

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Une récente étude révèle un lien inquiétant entre l’augmentation des températures et nos habitudes alimentaires des Américains, notamment les produits sucrés.

La consommation de sucre ajouté augmente avec la température, notamment entre 12-30°C à raison de 0,70 gramme supplémentaire par degré, aux États-Unis. C’est le principal enseignement d’une étude publiée le 9 septembre dernier dans la revue Nature Climate Change.

Dirigée par une équipe de chercheurs, dont des économistes environnementaux de l’université de Rhode Island, des climatologues et des nutritionnistes, elle a analysé 16 années d’habitudes alimentaires américaines entre 2004 et 2019.

Les auteurs ont comparé les données d’achats des enquêtes du célèbre cabinet Nielsen avec les relevés de température de la période concernée. « Quand la chaleur monte, l’envie de sucré aussi« , constatent les scientifiques qui s’inquiètent de cette corrélation dans un contexte de réchauffement climatique mondial.

Même si au-delà de 32 degrés, paradoxalement, l’effet s’estompe, car la chaleur extrême coupe l’appétit. « Les gens ne sont pas conscients de ce problème. Ils boivent simplement plus de liquides sans réaliser qu’ils peuvent contenir davantage de sucres ajoutés« , explique Pengfei Liu, économiste environnemental et co-auteur de l’étude, interrogé par le Washington Post.

Plusieurs mécanismes en jeu

Plusieurs facteurs expliquent cette relation, d’après les auteurs. Les températures élevées augmentent le besoin d’hydratation, car l’organisme perd plus d’eau par la transpiration. Les individus sont ainsi naturellement portés vers des produits rafraîchissants.

« Je ne bois pas d’alcool, mais quand nous sortons, je demande une margarita vierge super sucrée avec du sel sur le rebord, et je la savoure« , témoigne Karen Stensrude au micro de CBS News Boston.

De son côté, Katie Mooradd remarque une augmentation notable de sa consommation de glace pendant les périodes chaudes : « Je pense que j’ai tendance à sortir beaucoup pour prendre une glace quand il fait plus chaud dehors. »

La consommation de sucre ajouté est moins sensible à la température chez les groupes avec des niveaux d’éducation et de revenus plus élevés. Ceux qui gagnent plus de 100 000 dollars ou qui ont fait des études supérieures sont beaucoup moins affectés par ce phénomène.

Des projections alarmantes pour l’avenir

En utilisant les modèles du CMIP6 (projet international de comparaison de modèles climatiques), les chercheurs projettent une augmentation substantielle à l’échelle nationale de la consommation de sucre ajouté de 2,99 g par jour d’ici 2095 (soit l’équivalent d’un niveau de réchauffement de 5°C).

Cette augmentation varie selon les saisons, avec jusqu’à 3,81 grammes par personne par jour en été, 3,83 grammes par personne par jour en automne et seulement 1,26 grammes par personne par jour en hiver.

Face à ce défi, Pan He, co-auteur de l’étude et scientifique social environnemental à l’université de Cardiff au Pays de Galles, suggère la mise en place de programmes éducatifs ou l’instauration d’une taxe sur le sucre pour décourager la consommation excessive, facteur d’obésité, de divers troubles métaboliques, de maladies cardiovasculaires et de cancer.


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