Le fromage emblématique des montagnes du Jura, dans l’est de la France, se retrouve au cœur d’une controverse qui invite à examiner l’impact écologique réel de sa production.
Les Français raffolent du comté, ce fromage à pâte pressée non cuite originaire des montagnes du Jura, qui occupe la sixième position des fromages les plus consommés en France en 2023, selon l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer (FranceAgriMer).
Mais le pays devrait-il continuer d’en consommer autant ? La est non, selon le naturaliste et militant de l’enrvironnement Pierre Rigaux.
« Le comté est sûrement un très bon fromage sur le plan gustatif, mais c’est semble-t-il devenu un mauvais produit sur le plan écologique », explique-t-il le 24 avril dans une chronique de l’émission « La Terre au carré » sur France Inter, s’interrogeant sur l’impact environnemental de ce produit laitier parmi les plus anciens de France.
« Le lait tue et fait souffrir les animaux tout autant que la viande », soutient-il, pointant les conséquences de la production de ce fromage sur les vaches, les sols ainsi que les cours d’eau. Un plaidoyer pour une consommation écoresponsable, qui tourne très à la polémique.
Interdire le comté ou ne pas l’interdire
En effet, le 10 mai paraît dans Le Figaro Magazine un article prêtant aux écologistes – qualifiés pour l’occasion de « Khmers verts » – la volonté d’interdire le comté. S’ensuit un véritable tourbillon médiatique aux implications politiques.
Le hashtag #TouchePasAuComté, créé pour la circonstance sur le réseau social X, est abondamment repris par des personnalités politiques, allant du candidat à la présidence du parti Les Républicains Laurent Wauquiez à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard.
La levée de boucliers fut telle que Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a dû intervenir le lendemain afin de « rétablir quelques vérités ».
« Les Écologistes n’ont jamais demandé d’arrêter d’en manger, et encore moins de l’interdire. Les Écologistes soutiennent la filière comté. C’est parce que nous aimons ce fromage, fleuron de notre patrimoine et pilier de l’économie régionale, que nous voulons qu’il reste synonyme de qualité – pour nos papilles comme pour nos rivières », indique-t-elle dans un communiqué.
Une empreinte écologique réelle
« Il n’est pas possible de nier l’impact environnemental de l’élevage et des fromageries, même sous l’appellation AOP (Appellation d’Origine Protégée) », relève le texte, appelant à « agir sur l’ensemble des sources de pollution, l’évolution de la filière Comté et la transition écologique globale de l’agriculture ».
En effet, le succès commercial de ce fromage n’est pas sans conséquence sur l’environnement franc-comtois. Comme l’indique Le Monde, la multiplication des élevages a coïncidé avec la dégradation progressive de plusieurs cours d’eau de la région, dont la mythique rivière Loue.
Les déjections riches en azote et en phosphore issues de l’élevage ont fini par contribuer à la création de « zones mortes » dans ces eaux, transformant un paradis des pêcheurs en un mouroir pour les poissons et autres organismes aquatiques.
