Le président sortant s’apprêterait à interdire définitivement les nouveaux forages pétroliers et gaziers dans certaines zones côtières américaines.
À quelques semaines de rendre le pouvoir à Donald Trump, Joe Biden multiplie les initiatives destinées à inscrire certaines de ses politiques les plus cruciales dans la durée. Autrement dit, hors d’atteinte des potentielles actions de son successeur républicain dont l’agenda prévoit un démantèlement.
Selon des informations recueillies de sources proches du dossier par Bloomberg, le président américain sortant devrait signer dans les prochains jours, un décret censé bloquer tout nouveau forage pétrolier et gazier offshore dans certaines zones côtières. Il s’agit d’après le média américain, d’une mesure envisagée par Washington depuis environ deux ans, sous l’impulsion de responsables et autres élus démocrates.
Pas plus tard que le 15 novembre dernier, une dizaine d’entre ceux-ci, siégeant au Congrès, ont demandé à Biden, via une lettre, d’utiliser ses pouvoirs présidentiels pour protéger durablement les eaux côtières américaines des forages pétroliers et gaziers avant la fin de son mandat.
Un héritage environnemental menacé
Les signataires mettent notamment en avant les risques représentés par les forages offshore pour l’environnement. Ils dénoncent également les milliers de puits non bouchés et d’équipements de forage abandonnés qui menacent les eaux et les communautés côtières.
D’autant que, comme le souligne Bloomberg, son administration a déjà considérablement restreint les opportunités de nouveaux forages offshore, n’autorisant que trois ventes aux enchères sur les cinq prochaines années. Un minimum historique, selon le journal.
L’initiative de Biden est motivée par les positions ouvertement climatosceptiques de Trump. Celui-ci prévoit en effet de faire repartir aussi haut que possible la production pétrogazière américaine.
Une bataille juridique en perspective
Dans son entourage, gravitent plusieurs acteurs du secteur des énergies fossiles de premier plan. Ceux-ci militent également pour la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris pour le climat. Ce qui serait un deuxième désengagement après la précédente durant son premier mandat.
« Le président Trump devrait annuler cet ordre dès le premier jour et reléguer rapidement l’agenda vert de Biden aux oubliettes de l’histoire« , peste Daniel Turner, fondateur du groupe Power The Future actif auprès des travailleurs des industries du pétrole, du charbon et du gaz naturel, dans les colonnes de Bloomberg.
Une gageure selon les spécialistes au regard du socle juridique sur lequel repose l’action du président sortant. Biden s’appuie notamment sur une loi de 1953 dénommée l’Outer Continental Shelf Lands Act.
Laquelle législation confère au président une large latitude pour protéger durablement les eaux américaines des forages, sans pour autant donner explicitement aux présidents suivants le pouvoir d’annuler lesdites protections. Autant dire qu’une bataille juridique est à prévoir.