Biodiversité : l’UE vote une loi sur la restauration de la nature

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L’Union européenne (UE) a voté lundi une législation qui impose la restauration de la nature. Avec cette loi, chacun des Etats membres devra soigner les écosystèmes abimés, dont les prairies, forêts et rivières. Les propriétaires forestiers dénoncent un texte synonyme de surréglementation et de bureaucratie.

Les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont adopté lundi, par 20 voix sur les 27, une nouvelle législation imposant la restauration des écosystèmes abîmés. Les eurodéputés avaient déjà validé ce texte. Mais le vote des ministres de l’Environnement permet son entrée en vigueur.

Des objectifs de restauration de la nature étalés dans le temps

Ce volet clé du « pacte vert » oblige les pays de l’UE à restaurer les écosystèmes abîmés dans les trente prochaines années. Ils devront remettre en bon état 30 % des terres et espaces marins d’ici à 2030, puis 60 % d’ici à 2040 et enfin l’ensemble des zones d’ici à 2050. Divers types d’habitats sont concernés, notamment les forêts, zones humides, prairies, rivières et prairies sous-marines. L’UE accorde une flexibilité pour les habitats très communs et répandus.

La nouvelle loi sur la restauration de la nature veut stopper le déclin des populations des pollinisateurs

Aussi, l’Union européenne exige des Etats qu’ils progressent continuellement sur certains indicateurs avant 2030. En particulier sur le carbone dans le sol, la part des terres agricoles « à haute diversité » et les papillons de prairies. Il faut ajouter à ces objectifs, la protection de la population d’oiseaux communs en campagne. Par ailleurs, les 27 ont obligation de stopper le déclin des pollinisateurs, en particulier des abeilles, d’ici à sept ans au plus tard. Par la suite, il leur faudra en accroître la population, avec une surveillance régulière.

L’Autriche a sauvé la législation in extremis

Le texte prévoit enfin de supprimer les obstacles sur les fleuves et rivières, comme certains petits barrages obsolètes. L’UE souhaite atteindre au moins 25.000 km de cours d’eau « libres » avant la fin de la décennie pour une meilleure « connectivité naturelle ». Si la nouvelle législation a pu être votée, c’est grâce au basculement de l’Autriche au dernier moment. Ce pays avait officiellement choisi de s’abstenir en raison de divisions dans la coalition au pouvoir.

Suède, Pays-Bas et Italie ont voté contre

Mais sa ministre de l’Ecologie Leonore Gewessler a finalement voté pour, contre l’avis de son gouvernement. Elle a expliqué que sa conscience lui dictait de prendre « des décisions courageuses » « lorsque le bonheur des générations futures est en jeu ». Elle s’est félicitée « des bons compromis et des mesures équilibrées » obtenues par ses pairs. Le chancelier conservateur Karl Nehammer a lui jugé « illégal » son vote et annoncé un recours en annulation devant la justice européenne. Notons que trois États (Suède, Pays-Bas, Italie) se sont opposés au texte, et quatre ont préféré s’abstenir (Belgique, Pologne, Finlande, Hongrie).

Les agriculteurs pas contents de la loi sur la restauration de la nature

Une coalition d’ONG écologistes (BirdLife, ClientEarth, WWF, European Environmental Bureau) a salué la nouvelle loi et évoqué « une victoire historique », ainsi qu’« un tournant pour la nature et la société ». Elle a appelé les États à appliquer la législation « correctement et sans délais ». Mais les agriculteurs, eux, ne sont pas contents. La Confédération européenne des propriétaires forestiers a dénoncé « une législation synonyme de surréglementation et de bureaucratie ». Elle estime que cette loi met « la nature sous cloche ».


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