De Beers va revoir le partage de diamants bruts avec le Botswana.

De Beers : partage équitable des diamants avec le Botswana

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Après des mois de négociations, De Beers et le gouvernement du Botswana sont parvenus à un accord pour un partage équitable de la production de diamants du pays. Gaborone avait menacé de se séparer de la compagnie minière sud-africaine s’il n’obtenait pas une part égale.

Affaire conclue ! De Beers et le gouvernement du Botswana ont pu trouver, dans la nuit du 30 juin, un accord de principe sur un nouveau contrat de 10 ans pour l’exploitation des diamants locaux. Le texte fixe une part égale (50%-50%) entre le groupe minier et Gaborone sur la période 2023-2033.

Une bataille gagnée par le Président Masisi

Les deux parties étaient en renégociation depuis plusieurs mois pour changer les termes de l’accord décennal, qui prenait fin le 30 juin dernier. Mokgweetsi Masisi, le président botswanais, réclamait un accord plus équitable pour son pays, lésé pendant plusieurs années selon lui. « Si nous ne parvenons pas à une situation gagnant-gagnant, chaque partie devra faire ses bagages et rentrer chez elle », avait-t-il prévu en début d’année.

Dans le précédent accord, 75% de la production de diamants revient à De Beers et le reste à Okavango Diamond Company (ODC), la compagnie nationale botswanaise de négoce de diamants. La part de Gaborone a beaucoup évolué pendant la dernière décennie, passant de 10 à 15% puis à 25% alors que la révision du taux doit normalement intervenir tous les dix ans. De Beers estime donc avoir fait beaucoup d’efforts…

Une hausse de part progressive jusqu’à 2030

Et cela d’autant qu’il fait face à d’énormes coûts de fonctionnement, en même temps qu’il investit une bonne partie de ses bénéfices dans des projets communautaires. Qu’à cela ne tienne, Gaborone était déterminé à recevoir plus de diamants. Il avait même commencé à faire chanter De Beers en se tournant vers le négociant belge HB Antwerp.

La stratégie a décidemment payé puisque l’entreprise diamantaire a consenti à partager la production en deux. Ainsi, Okavango Diamond Company (ODC) recevra désormais jusqu’à 50 % des diamants produits par Debswana, la coentreprise de l’Etat Botswanais avec le groupe De Beers. Mais cette hausse ne se fera pas d’un coup. En effet, ODC obtiendra d’abord 30 % de la production cette année, puis passera progressivement à 50 % d’ici 2033.

Un fonds pour le bien-être de la population

Le Botswana a également obtenu la création d’un fonds de développement économique baptisé Diamonds for Development. Ce financement d’un milliard de pulas (environ 75 millions $) par an doit soutenir la diversification de l’économie locale, trop dépendante du diamant. Cette pierre précieuse représente 2/3 des recettes en devises étrangères et 20% du PIB, second producteur mondial derrière la Russie.

Malgré l’évidente saignée financière, Al Cook, PDG de De Beers, estime que c’est un privilège pour la filiale d’Anglo American « de renouveler son partenariat d’un demi-siècle avec le peuple botswanais […] ». Il espère toutefois que le nouvel accord permettra d’investir dans la chaîne de valeur du diamant et dans l’économie locale pour le bien de la population.

La Namibie va-t-elle s’inspirer du Botswana ?

De Beers, qui produit 70 % de ses diamants au Botswana, joue un grand rôle dans le développement du pays à travers le financement de projets de développement et les taxes substantielles payées à l’Etat. Grâce à ses efforts, le pays est devenu un contre-exemple de la malédiction des ressources naturelles qui touche les Etats africains.

Lors d’une interview au salon JCK à Las Vegas, Al Cook a dit croire que chaque partie respectera strictement le nouvel accord et que celui-ci résistera à l’épreuve du temps. On ne peut pas parier sur un mariage éternel, mais De Beers devrait théoriquement continuer d’exploiter ses mines au Botswana jusqu’en 2054. D’un autre côté, la renégociation avec le Botswana pourrait inspirer d’autres Etats où De Beers est présent. En particulier la Namibie qui reçoit 15 % des diamants produits par le groupe sud-africain. Leur contrat expire fin 2026.


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