Nosopharm : une approche nouvelle contre l’antibiorésistance

Autres Innovation Santé Une

Nosopharm, une entreprise française de biotechnologie, adopte une nouvelle approche révolutionnaire face au développement des agents pathogènes résistants aux antibiotiques. Elle exploite deux bactéries sous-estimées et inexploitées à fort potentiel thérapeutique.

Responsable de 1,27 millions de décès à travers le monde en 2019, la résistance aux antibiotiques est considérée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme l’une des dix principales menaces pour la santé publique mondiale. Elle est en grande partie l’œuvre des agents pathogènes à Gram négatif multirésistants, qui représentent 59 % des victimes.

Un antibiotique first-in-class

Actuellement, il n’existe aucun remède capable de traiter efficacement cette résistance aux antibiotiques chez les bactéries Gram négatives. La conception d’un tel composé constitue un énorme défi scientifique, mais également financier. C’est pourtant ce à quoi s’attaque Nosopharm, une entreprise de biotechnologie créée à Nîmes en 2009.

En partenariat avec GNA NOW, un consortium européen soutenu par l’Innovative Medicines Initiative 2, cette société française développe de nouveaux médicaments anti-infectieux avec de nouveaux modes d’actions. Elle a notamment conçu NOSO-502, son candidat antibiotique first-in-class pour le traitement des infections nosocomiales multirésistantes.

Actif contre les entérobactéries résistantes

Selon des études de toxicologie BPL publiée par le groupe en juin 2022, ce composé inhibe le ribosome bactérien des entérobactéries résistantes aux carbapénèmes. Principaement celui de Klebsiella pneumoniae, d’Escherichia coli et de Enterobacter spp. NOSO-502 s’appuie sur un nouveau mécanisme d’action avec deux bactéries sous-estimées et inexploitées, mais à fort potentiel thérapeutique.

Il s’agit de Photorhabdus et Xenorhabdus, qui produisent des agents capables d’empêcher les autres bactéries d’envahir leurs territoires. Ses molécules bioactives par nature ne sont pas toxiques pour le corps de leur hôte humain. Chez Nosopharm, elles ont déjà fait leurs preuves au niveau des insectes.

Une plateforme innovante de découverte

Pour tirer parti du potentiel thérapeutique de Photorhabdus et Xenorhabdus, la startup nîmoise a conçu une plateforme innovante de découverte de médicaments appelée ExploRhabdus. Cette technologie permet l’exploitation pharmacologique des deux bactéries pour la détection de nouvelles molécules bioactives plus efficaces. Elle repose sur l’expérience unique des équipes de Nosopharm dans l’exploration du métabolisme bioactif de ces organismes.

Les résultats des études de toxicologie BPL, couplés aux travaux scientifiques publiés en octobre suivant en collaboration avec l’Inserm, permettent à la pharma en R&D antimicrobienne française d’entrevoir la production et la commercialisation prochaine de NOSO-502. Mais avant ces étapes ultimes, il faudra poursuivre le développement du programme jusqu’à la phase 1 des essais cliniques chez l’Homme.

Un nouveau conseil de surveillance

Pour mener ce dernier sprint, Nosopharm a remanié sa direction en juillet 2022. Le groupe a nommé Jacques Dumas à la tête du conseil de surveillance et intégré quatre autres membres. Il s’agit tous de représentants d’investisseurs historiques. La nouvelle équipe doit réaliser le prochain tour de table et signer des partenariats stratégiques privés et publics pour conduire la dernière phase. Une étape critique dans le contexte de la montée de l’antibiorésistance.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *