Aux États-Unis, l’activisme actionnarial en repli ?

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Les demandes d’impulsion de changement axées sur les politiques sociales et environnementales sont en net recul au sein des entreprises outre-Atlantique, selon un nouveau rapport.

Dans les salles de conseil d’administration américaines, un silence inhabituel s’installe. Les propositions d’actionnaires concernant l’environnement, le social et la gouvernance – que l’on désigne par ESG (Environmental, Social, Governance en anglais) – ont connu une baisse spectaculaire ces derniers mois, d’après le groupe d’activistes actionnariaux américain As You Sow.

Il révèle dans une récente étude consultée par Reuters que 355 résolutions ont été déposées jusqu’en février 2025, contre 536 à la même période en 2024. Comparées à 2023 où 542 demandes avaient été recensées, la baisse est encore plus marquée.

Cette situation tient, selon des témoignages recueillis par l’agence de presse britannique, à une conjonction de facteurs, dont le manque de soutien anticipé des grands investisseurs institutionnels, même si les raisons précises de cette appréhension restent floues.

La crainte que les régulateurs républicains bloquent ces résolutions est également citée parmi les explications. Un élément plus subtil vient compléter l’analyse de ce recul des initiatives pro-ESG : la volonté croissante des entreprises d’éviter toute exposition publique sur ces sujets sensibles.

L’équilibre fragile entre activisme et pragmatisme

De fait, les entreprises elles-mêmes semblent désormais plus enclines à négocier en coulisses pour éviter l’escalade des conflits. « Les entreprises étaient plus disposées à éviter que les choses ne s’enveniment« , abonde Andrew Behar, PDG d’As You Sow dans les colonnes de Reuters, confirmant une tendance observée dès février.

L’organisation fondée en 1990 dit ainsi avoir délibérément renoncé à déposer certaines résolutions demandant des données plus spécifiques sur les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) des entreprises par craignant d’exposer ces dernières à d’éventuelles représailles de l’administration Trump.

Depuis son retour au pouvoir il y a quelques mois, le nouveau président américain dont l’agenda conservateur ébranle plus que jamais les États-Unis, s’est montré notoirement hostile à ces initiatives progressives.

« Nous sommes propriétaires de ces entreprises, nous ne voulons pas qu’elles échouent. Si nous dialoguons avec une entreprise et qu’elle a une bonne raison commerciale de dire qu’elle ne peut pas nous donner ce que nous demandons pour le moment, alors nous n’allons pas l’exiger« , explique Behar, dont les propos illustrent assez bien l’équilibre fragile entre activisme et pragmatisme lorsque les finances sont en jeu.

Quelques actes de résistance demeurent

Malgré ce recul tactique, les activistes pro-ESG ne baissent pas complètement les armes. Le rapport d’As You Sow met ainsi en évidence plusieurs résolutions déposées auprès d’entreprises ayant réduit leurs efforts en matière de diversité l’année dernière.

Chez Ford, par exemple, Mercy Investment Services a demandé au conseil d’administration de présenter les recherches et analyses effectuées avant de modifier ses politiques DEI l’été dernier.

« En tant qu’investisseurs, nous voulions des clarifications sur ces changements et sur le processus décisionnel, comme les recherches sur la justification commerciale de ces modifications et si les employés et parties prenantes ont été consultés avant leur mise en œuvre« , a déclaré Maxwell Homans, responsable du plaidoyer actionnarial chez Mercy, cité par Reuters.


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