Les géants du covoiturage sont poursuivis devant la justice californienne pour leurs programmes de préférences genrées jugées discriminatoires envers les hommes.
Un collectif de conducteurs hommes a intenté une action en justice devant le tribunal de San Francisco contre Uber et Lyft, dénonçant une inégalité de traitement liée aux fonctionnalités « Women Preferences » pour Uber et « Women Connect » pour Lyft, récemment mises en place.
Lancées respectivement outre-Atlantique en 2023 pour Lyft et en 2025 pour Uber, ces fonctionnalités autorisent les utilisatrices à solliciter exclusivement des chauffeuses pour leurs trajets. De quoi satisfaire une demande croissante de la clientèle féminine.
Pendant longtemps, de nombreuses passagères ont exprimé leur malaise lors de courses assurées par des conducteurs masculins. Le dernier rapport de sécurité d’Uber a ainsi recensé plus de 2 700 cas d’agressions sexuelles graves entre 2021 et 2022, dont une immense majorité de victimes féminines.
Lyft, de son côté, recense plus de 4 000 cas sur la période 2017-2019. Autant de chiffres qui expliquent le succès rencontré par ces nouveaux outils auprès des utilisatrices. Celeste Juarez, interrogée par le magazine Time, déclare se sentir « mieux protégée » et « libérée de l’angoisse » d’un retour tardif, grâce à ces innovations.
Des dispositifs qui créent la discorde
Cependant, derrière ces initiatives validées par des associations comme la Human Rights Campaign ou l’Association nationale des femmes policières, une contestation monte du côté de la gent masculine.
Portés par deux principaux requérants, mais potentiellement rejoints par des centaines de milliers de chauffeurs, les plaignants reprochent à Uber et Lyft de restreindre leurs droits, se disant « désavantagés » et écartés de nombreuses possibilités économiques du fait de leur identité sexuelle.
Les poursuites accusent Uber et Lyft de violer les lois californiennes sur les droits civils en mettant en place ces programmes. Les plaignants invoquent notamment la Unruh Act, la législation californienne interdisant la discrimination par le sexe dans les affaires.
Une affaire révélatrice d’un affrontement culturel
D’après le Time, la plainte vise à obtenir 4 000 dollars d’indemnisation par conducteur estimé lésé. Dans ce climat de divisions politiques croissantes aux États-Unis, certains groupes conservateurs se sont saisis de l’affaire pour dénoncer un « deux poids, deux mesures » dans la lutte contre les discriminations.
La Heritage Foundation, think tank d’influence et à l’origine du « Project 2025 » dont Donald Trump s’inspirerait pour transformer idéologiquement le pays, établit un parallèle avec des situations de discrimination raciale où des chauffeurs de taxi refusaient autrefois des passagers afro-américains.
« La seule différence entre les chauffeurs de taxi racistes d’autrefois et les chauffeurs Uber sexistes d’aujourd’hui est que la discrimination numérique se base sur le sexe plutôt que sur la race, mais les deux sont interdits par la loi« , appuie l’organisation.
