L’Unicef alerte sur le drame haïtien

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Le nombre d’enfants déplacés par la violence dans le pays a presque doublé en l’espace d’une année, atteignant désormais le chiffre stupéfiant de 680 000, selon l’agence onusienne.

« Les enfants en Haïti connaissent la violence et les déplacements à une échelle terrifiante« . Ces mots de Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF, rapportés par Reuters, sonnent comme un cri d’alarme face à la dégradation de la situation dans l’archipel caribéen.

Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, le pays traverse une crise institutionnelle majeure. Le vide politique et l’absence de structures étatiques solides ont ouvert la voie aux bandes armées qui contrôlent désormais environ 85% de Port-au-Prince et des axes routiers essentiels à travers le territoire.

Lourdement équipés, ces groupes criminels imposent leur loi par la terreur dans les zones urbaines défavorisées, multipliant massacres et raids meurtriers contre des civils et des bâtiments publics. Les plus jeunes paient un tribut particulièrement lourd à cette spirale de violences.

Parmi les six millions d’Haïtiens ayant besoin d’assistance humanitaire urgente, plus de 3,3 millions sont des mineurs, révèle un rapport alarmant de l’UNICEF publié le 8 octobre 2025.

Une jeunesse sacrifiée, l’école hors d’atteinte

« Les enfants se réveillent chaque jour sans savoir s’ils pourront aller à l’école en sécurité, trouver de la nourriture, ou même simplement survivre la journée sans être touchés par une balle perdue« , décrit Catherine Russell, illustrant ainsi le quotidien tragique de centaines de milliers de jeunes.

Dans ce contexte chaotique, la jeunesse haïtienne se trouve durablement privée de repères. Les écoles, transformées en cibles ou en refuges de fortune pour des familles déplacées, ouvrent leurs portes de façon intermittente, quand elles ne sont pas tout simplement fermées ou détruites.

Le rapport de l’UNICEF souligne que l’ampleur des déplacements est sans précédent, avec un nombre de sites d’accueil qui a explosé pour atteindre 246 dans tout le pays au cours du premier semestre 2025. Parallèlement, le système de santé est à genoux, avec des hôpitaux débordés, régulièrement attaqués, ou tout simplement fermés.

L’appel à la solidarité internationale

La faim gagne du terrain, près d’un enfant sur deux risquant la malnutrition dans les zones les plus affectées. Face au retrait progressif de la présence étatique, l’aide humanitaire demeure le dernier rempart pour des millions de personnes.

L’UNICEF demande donc un soutien international urgent pour intensifier l’assistance vitale et la protection des enfants déplacés. Cette aide doit comprendre des abris sécurisés, des services de recherche et de réunification familiale, un soutien psychosocial et un accès à la santé, l’éducation et l’eau potable.

C’est d’autant plus important que le financement actuel s’avère dramatiquement insuffisant. En juin 2025, l’appel humanitaire de l’organisation pour Haïti n’était en effet financé qu’à hauteur de 13 %, bien en dessous des besoins nécessaires pour faire face à l’ampleur de la crise.


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