France : une charte historique pour briser les tabous sur la santé mentale au travail

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L’Alliance pour la santé mentale propose aux entreprises françaises un engagement national inédit pour transformer durablement leurs pratiques et sortir enfin du déni.

À compter du 20 novembre prochain, les entreprises françaises pourront signer une charte nationale sur la santé mentale au travail, lancée par l’Alliance pour la santé mentale, qui fédère 3 000 acteurs du secteur.

Présentée le 12 septembre en partenariat avec le gouvernement, cette charte rappelle que le travail, loin d’être uniquement source de stress, constitue un « cadre privilégié d’accomplissement et de socialisation » et un « déterminant positif de la santé mentale », selon l’OMS.

Cette problématique est d’autant plus significative qu’un quart des travailleurs français déclarent aujourd’hui être en souffrance psychique, d’après le dernier baromètre Qualisocial-Ipsos de 2025.

Parallèlement, les troubles psychologiques sont devenus la première cause d’arrêts maladie de longue durée. L’engagement des entreprises s’inscrit donc dans une démarche de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), gage d’attractivité et de performance durable.

Quatre piliers pour un engagement concret

La charte repose sur un engagement triennal articulé autour de quatre axes fondamentaux. Le premier pilier concerne la sensibilisation de l’ensemble des effectifs, du sommet de la hiérarchie aux équipes opérationnelles, afin de démystifier un sujet longtemps considéré comme tabou.

« Les employeurs percevaient la santé mentale comme relevant de la sphère privée. Et les personnes concernées n’osaient pas en parler car les maladies mentales sont plus stigmatisantes que les maladies physiques« , confie Claire Le Roy-Hatala, sociologue du travail, interrogée par Le Monde.

Le deuxième axe consiste à instaurer un environnement de dialogue bienveillant où les salariés peuvent s’exprimer librement sur la prévention, la qualité de vie et les conditions de travail, sans crainte de jugement.

Le troisième pilier s’attache à l’amélioration continue des conditions de travail. Enfin, le quatrième axe prévoit un accompagnement concret des salariés en souffrance psychique via des dispositifs sur-mesure : coaching personnalisé, aménagements d’horaires, mi-temps thérapeutique et soutien psychologique.

Des entreprises pionnières montrent la voie

Les entreprises signataires s’engagent à assurer un suivi et une évaluation régulière des actions menées à travers des échanges avec l’Alliance. Parmi les premières organisations à franchir le pas figure le groupe Baudelet, dont la directrice générale, Caroline Poissonnier, a elle-même frôlé le burn-out, d’après Le Monde.

« J’ai alors compris qu’un leader épuisé et qui perd l’envie fragilise tout : la décision, l’exécution, l’agilité. Le dirigeant a donc une double responsabilité : protéger la santé mentale de ses équipes… et montrer l’exemple en prenant soin aussi de lui« , témoigne-t-elle.

De nombreuses ressources d’accompagnement sont prévues pour les entreprises signataires. L’Alliance espère ainsi recueillir « au moins une cinquantaine de signatures le 20 novembre et une centaine d’ici à la fin de l’année », détaille Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale.


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