Le secret du paracétamol révélé

Santé Une

Après 75 ans d’utilisation massive, des scientifiques viennent enfin de percer le mystère du mécanisme d’action du paracétamol, cet antidouleur quasi omniprésent dans les armoires à pharmacie.

Saviez-vous que le paracétamol ou « para » cachait un secret ? Cette molécule fait partie des rares médicaments validés par la science avant même qu’on comprenne son mécanisme d’action. Autrement dit, on utilisait ce traitement sans savoir comment il fonctionnait, pour raison d’urgence médicale entre autres.

Ce mystère vient toutefois d’être élucidé grâce à une équipe de l’université américaine de l’Indiana, qui a étudié précisément l’action du paracétamol chez la souris. Les résultats de leurs travaux, publiés en mai dernier dans la revue scientifique Cell Reports Medicine, révèlent un mécanisme surprenant.

En effet, s’il est communément admis que le paracétamol agit sur le système cannabinoïde – c’est-à-dire les mêmes récepteurs que ceux activés par le cannabis –, cette action diffère totalement de celle du THC.

Contrairement au cannabis, le médicament agit en désactivant lesdits récepteurs, en l’occurrence ceux nommés CB1 (cannabinoïde de type 1), des protéines situées à la surface des cellules nerveuses. De quoi soulager la douleur.

Une révolution thérapeutique en perspective

Cette découverte met fin à des décennies d’incertitude autour du fonctionnement du paracétamol. Elle révèle surtout, malgré sa description apparemment simple, une potentielle révolution thérapeutique pour la médecine de la douleur.

En effet, l’identification de l’enzyme DAGLα (diacylglycerol lipase alpha) comme cible du paracétamol pourrait ouvrir la voie au développement d’autres médicaments plus spécifiques, avec potentiellement moins d’effets secondaires (le paracétamol peut être toxique pour le foie) et une meilleure tolérance chez certains patients.

Ce travail scientifique est d’autant plus crucial que l’arsenal d’antidouleurs disponibles sur le marché, incluant notamment l’aspirine et l’ibuprofène, reste limité. Les autres options font appel aux opioïdes, donc comportent davantage de risques, comme le souligne Franceinfo. Un nouvel antidouleur vient toutefois d’être autorisé aux États-Unis dans cette catégorie problématique.

La douleur chronique comme grand défi

Baptisé Journavx, il agit en ciblant une voie de signalisation de la douleur impliquant les canaux sodiques du système nerveux périphérique, avant que les signaux de douleur n’atteignent le cerveau, selon la description de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA).

« L’approbation d’aujourd’hui constitue une étape importante de santé publique dans la gestion de la douleur aiguë », s’est félicitée Jacqueline Corrigan-Curay, directrice par intérim du Centre d’évaluation et de recherche sur les médicaments de la FDA, le 30 juin dernier.

Il reste désormais à développer des médicaments pour traiter la douleur chronique, un problème de santé majeur – au total 34,9 % des adultes américains en ont souffert en 2023 selon le CDC  – aux conséquences multiples : détérioration de la santé mentale, dépression, anxiété ou troubles du sommeil.


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