Une nouvelle enquête s’alarme du défaut d’accompagnement des populations vulnérables par l’État durant les Jeux Olympiques d’été à Paris.
Dans un rapport publié lundi 4 novembre 2024, soit presque trois mois après la fin des Jeux Olympiques (JO) de Paris, le collectif « Le Revers de la médaille » lève le voile sur le bilan social peu flatteur de cette grand-messe du sport qui aurait, à en croire le président Emmanuel Macron, montré « le vrai visage de la France ».
Le collectif regroupant environ une centaine d’associations, dont le Secours catholique et ATD Quart Monde entre autres, dévoile des défaillances notoires dans l’accompagnement des personnes les plus vulnérables, notamment les sans-abri objets de ce qu’il qualifie de « nettoyage social ».
Il s’agit de pratiques consistant à des déplacements forcés ou des éloignements des populations vulnérables (sans-abri, migrants, personnes vivant dans des campements informels) des centres-villes ou de certains quartiers, particulièrement avant de grands événements internationaux.
L’objectif d’une telle initiative pour les hôtes, est de faire bonne figure vis-à-vis des délégations attendues de divers horizons. Dans le cadre des Jeux, cela s’est manifesté par diverses approches, dont des expulsions de campements ou de squats, des déplacements des personnes sans-abris vers des zones périphériques ou encore l’invisibilisation de ces personnes précaires.
Des expulsions multiples
À cet effet, les chiffres recensés par Le Revers de la médaille sont éloquents, avec notamment 19.526 personnes expulsées de leur milieu de vie en Île-de-France entre le 26 avril 2023 et le 30 septembre 2024. Cela représente une augmentation de 33% par rapport à 2021-2022.
Ces lieux de vie « informels » estimés à 260, incluent selon le collectif, à la fois des bidonvilles, des regroupements de tentes, des squats, des regroupements de caravanes, mais également des simples cartons disposés à même le sol.
« C’était difficile parce que tous les jours, la police nous faisait la chasse. On était constamment viré. Ce n’était vraiment pas facile. Il fallait se cacher« , indique à ce propos Bao, un de ces sans-abris, interrogé par France Bleu, alors que certaines personnes ont été expulsées à plusieurs reprises.
… et sans ménagement
Selon le rapport, 66 % des expulsions n’étaient précédées d’aucun diagnostic social. C’est un dispositif encadré par les autorités, dans le but de permettre d’évaluer les besoins et les vulnérabilités des personnes concernées, afin de leur proposer des solutions d’hébergement et même de relogement, adaptées.
Pour Le Revers de la médaille, il s’agit d’une proportion jugée particulièrement élevée par rapport à la même période deux ans plus tôt, soit entre le 26 avril 2021 et le 30 septembre 2022, quand cela ne concernait « que » 36 % des expulsions.
En définitive, le collectif attribue aux autorités françaises, trois différentes médailles révélatrices de leur gestion peu glorieuse de l’aspect social des Jeux Olympiques : la médaille d’or du « social washing », la « médaille d’argent du nettoyage social et la médaille de bronze du déni démocratique.