Face à l’exode massif de ses membres ces derniers mois, l’initiative de soutien bancaire pour le climat propose d’adopter une nouvelle structure moins contraignante.
La Net-Zero Banking Alliance (NZBA) devrait bientôt abandonner son modèle actuel d’engagements contraignants pour un « cadre d’orientations » non obligatoires. C’est en tout cas l’objet de la consultation lancée le 27 août dernier par cette coalition bancaire.
Lancée en avril 2021 sous l’égide de l’initiative Finance pour l’environnement des Nations Unies (UNEP FI) et intégrée dans le cadre plus large de l’Alliance financière de Glasgow pour la neutralité carbone (GFANZ), elle traduisait l’engagement commun de ses membres à réduire leurs émissions de CO2.
Les institutions participantes devaient ainsi s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, établir des objectifs intermédiaires de réduction des émissions dans les secteurs à fort impact d’ici 2030, et soumettre des rapports annuels détaillant leurs progrès.
Ce sont ces exigences que le comité directeur souhaite désormais assouplir en faisant passer la structure de l’alliance d’une « coalition basée sur l’adhésion » vers une simple « initiative-cadre ».
Un affaiblissement déguisé ?
Selon la NZBA, le nouveau modèle qui devrait émerger du vote – dont les résultats sont attendus fin septembre – permettra de mieux accompagner les banques dans leurs efforts climatiques et d’accélérer la transformation économique vers les objectifs de l’Accord de Paris.
Cette rhétorique officielle tente de présenter l’affaiblissement de l’alliance comme une stratégie d’efficacité renforcée, alors qu’il s’agit en réalité d’une adaptation forcée pour éviter la disparition complète face à l’exode de ses membres principaux.
Ces derniers mois, plusieurs banques et institutions financières internationales, de JPMorgan Chase à Morgan Stanley, Bank of America, Barclays ou encore HSBC, se sont retirées dans un contexte américain de plus en plus hostile aux initiatives climatiques depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Certains élus républicains ont ainsi brandi la menace de poursuites antitrust contre les membres de l’alliance.
Une crise existentielle à un moment crucial
La nouvelle structure permettrait théoriquement une plus grande adaptabilité aux contextes locaux et sectoriels, tout en maintenant l’objectif global de réalignement de l’économie avec les engagements climatiques internationaux. Cette proposition divise toutefois.
Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance, ne s’y trompe pas en décrivant ces changements comme une tentative d’éviter « l’embarras de perdre sa pertinence alors que ses plus gros membres se retirent progressivement », dans les colonnes de Reuters.
Son analyse souligne un paradoxe : plus les initiatives volontaires gagnent en ambition et en précision, plus elles deviennent vulnérables aux pressions externes et aux défections. À l’inverse, leur affaiblissement programmé les vide de leur substance et de leur crédibilité.
Quatre années après sa création, la Net-Zero Banking Alliance fait donc face à une crise existentielle, alors que les banques et autres structures financières n’ont jamais été autant pointées du doigt pour leur contribution dans le développement des énergies fossiles.